diplomates mêlés aux affaires les plus récentes. La commission a voulu tout voir, tout savoir, — ou ne lui a rien refusé ; elle a commandé, personne n’a résisté, et ici, il faut le dire, par une suite fatale de l’altération des idées les plus simples, tout le monde a oublié son devoir, ou, si l’on veut, tout le monde est sorti de son rôle, et la commission, et les ministres, et les déposans appelés en consultation ou en témoignage. C’est le gâchis qui a commencé ; il s’est déployé triomphalement depuis trois semaines.
Qu’une commission chargée d’examiner une question des plus sérieuses et de proposer des résolutions qui intéressent l’honneur du pays tienne à être renseignée et instruite, c’est assurément son droit : elle a justement devant elle des ministres qu’elle peut interroger, qui doivent l’éclairer, qui sont responsables et seuls responsables de la politique qui a inspiré, préparé et dirigé une entreprise à la fois diplomatique et militaire. Elle dépasse évidemment toutes les limites de son droit constitutionnel lorsqu’elle appelle à sa barre des fonctionnaires qui ne sont que des subordonnés, qui ont été employés à des missions délicates, qui sont nécessairement toujours dans l’alternative de ne rien dire ou de dire beaucoup trop. Si ces fonctionnaires ne sont que les échos des pensées, des volontés du gouvernement qui les emploie, leur témoignage et leurs discours ne servent à rien ; s’ils se font les juges, les divulgateurs et les censeurs des négociations, des opérations auxquelles ils ont été mêlés, ils violent toutes les règles de la discipline publique, de la subordination, et ceux qui ont provoqué les indiscrétions sont eux-mêmes les complices d’un grand désordre. Une commission parlementaire n’est pas faite pour ce rôle ; elle confond tous les pouvoirs lorsque, dans son irresponsabilité, elle se substitue au gouvernement dans ses relations avec ses agens, dans ses droits d’initiative ou de réserve, quand elle prétend disposer de tous les secrets d’état dont elle est bientôt embarrassée et qu’elle se hâte de livrer aux curiosités ironiques du monde entier. C’est l’anarchie pure et simple. Le gouvernement, de son côté, dans ses rapports avec la commission, n’a certainement pas compris ce qu’il se devait à lui-même, ce qu’il devait au pays. Il a manqué par complaisance ou par crainte en se prêtant à tous ces interrogatoires périlleux, à toutes ces communications de dépêches secrètes, de télégrammes plus ou moins tronqués, dont on triomphe aujourd’hui comme si tous les gouvernemens n’avaient pas leurs correspondances réservées et ne devaient pas rester maîtres de ce qu’ils peuvent livrer au public. Avec un peu plus de fermeté, avec un sentiment un peu plus énergique de sa responsabilité et de ses devoirs, le ministère se serait hâté de couper court à toutes ces divulgations qui ne font que compromettre les intérêts publics et troubler toutes les idées des agens de l’état sur leurs