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d’Hœdie ou même, sans quitter le rivage, combien Plouharnel, Locmariaker et Quiberon. Pourtant la mer, la nature, les hommes mêmes y ont une physionomie qu’ils n’ont nulle part ailleurs, et elle est bien rendue dans ce livre, quoique trop adoucie peut-être.

Sortons de France maintenant, mais non pas sans avoir feuilleté la Terre à vol d’oiseau[1] par M. Onésime Reclus. Les Reclus ont évidemment reçu du ciel, — si du moins cette métaphore trouve grâce à leurs yeux, — le don de la géographie. Il éclate, comme toujours, dans le nouveau volume que nous donne cette année M. Elisée Reclus : l’Afrique septentrionale[2]. Pour être autre, et se manifester autrement, il n’est pas moins visible dans la Terre à vol d’oiseau. Ce beau volume ayant d’ailleurs déjà paru sous une autre forme, — c’est-à-dire sans illustrations, — nous n’en avons rien à dire que nous n’ayons dit dans le temps ; et ce n’était certes pas pour en détourner le lecteur.

On a déjà fait plus de vingt fois et plus de vingt fois encore on refera le livre que M. P. Vilars nous donne sous ce titre : l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande[3]. C’est que la description d’un grand pays peut se faire en vingt manières, et, tout en ressemblant toujours à son original, différer cependant d’elle-même, étant toujours facile de varier les aspects d’un sujet aussi vaste. Le texte de M. P. Vilars est évidemment d’un homme qui connaît bien, fort bien même, l’Angleterre, qui sait voir et très bien rendre ce qu’il a vu, d’une manière originale et vive. Quant aux illustrations, nous ne saurions trop en louer le choix et l’exécution. Puisque ce volume est le premier d’une collection qui ne comprendra pas moins d’une vingtaine d’ouvrages, nous île pouvons souhaiter aux suivans que de ressembler en tous points à celui qui l’inaugure.

Passons les déserts. Les lecteurs de la Revue connaissent déjà quelques parties du livre de M. Moser : A travers l’Asie centrale[4]. Parti d’Orenubourg.M. Moser successivement parcouru la steppe Khirgize, le Turkestan russe, la Boukharie, le pays de Khiva, le désert Turcoman et la Perse, pour venir terminer son voyage à Constantinople. Voyageant pour son plaisir, et avec un plaisir évident, il raconte avec bonne humeur, prodigue d’anecdotes, un peu aussi de sa personne, d’ailleurs curieux et spirituel observateur des mœurs, des usages, des modes des chevaux, de la politique et des femmes : au demeurant, beaucoup plus « auteur » qu’il ne croit l’être lui-même. L’ouvrage est orné de nombreuses gravures, dessinées par M. Van Muyden d’après les photographies de M. Moser.

De l’ancien continent, le livre de M. André Bresson et celui de M. Lucien-N.-B. Wyse nous transportent dans le Nouveau-Monde. Le

  1. Hachette, éditeur.
  2. Hachette, éditeur.
  3. Quantin, éditeur.
  4. Plon, éditeur.