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peut-être, pour parler du texte et des dessins, vaut-il mieux attendre que la publication soit plus avancée de quelques livraisons, et se contenter de dire que si la suite en répond au commencement, — et nous n’en doutons pas, — l’Armée française laissera loin derrière elle tout ce que l’on avait fait ou tenté jusqu’ici en ce genre.

La Française du siècle et le Vicaire de Wakefield sont également illustrés en couleurs. Le précieux auteur de l’Eventail, de l’Ombrelle, de Son Altesse la femme, M. Octave Uzanne, a écrit la Française du siècle[1]. Comme je n’en donnerais peut-être pas une idée assez claire en disant avec M. Uzanne que ce sont ici « des bulles de savon édulcorées de notions historiques, et très largement additionnées de pansophie à l’eau de rose, » je dirai plus uniment qu’en neuf chapitres, à commencer par les Merveilleuses du Directoire pour finir par les Contemporaines, c’est l’esquisse d’une piquante histoire des mœurs par la mode. Couplets amusans et galans, anecdotes curieuses, observations intéressantes, citations caractéristiques abondent dans ce volume. M. Albert Lynch en a peint les illustrations à l’aquarelle et M. Eugène Gaujean les a gravées à l’eau-forte en couleurs. Aquarelles et gravure nous ont paru très supérieures à ce qu’elles étaient l’art dernier dans Son Altesse la femme. Nous ne regrettons que de ne pas assez nous connaître aux procédés pour pouvoir joindre à celui du peintre l’éloge motivé du graveur.

De quel procédé s’est-on servi pour illustrer le Vicaire de Wakefield[2], nous ne saurions non plus exactement le dire, et c’est, sans doute, le secret de l’imprimerie Quantin, puisqu’elle seule en a jusqu’ici tiré l’heureux parti que nous voyons. Je pense que l’on me dispensera de parler du texte de Goldsmith : avec tous ses défauts, qui ne sont pas petits, le Vicaire de Wakefield n’est pas moins de ces œuvres destinées à durer autant ou plus longtemps qu’une langue ; et, pour être d’une autre nature, sa popularité n’est pas moins durable ni moins méritée que celle des Voyages de Gulliver. Le même artiste qui avait illustré l’art dernier le chef-d’œuvre de Swift a illustré cette année celui de Goldsmith. Non moins habile, il a été peut-être, en quelques endroits, moins heureux : voyez l’incendie de la page 189.

On nous permettra de rapprocher du Vicaire de Wakefield quelques autres romans illustrés : le Bedgauntlet[3] de Walter Scott, traduit par M. Scheffter, illustré de gravures sur bois par M. Godefroy Durand, légères, élégantes, aussi bien « tirées » que spirituellement dessinées et surtout conçues ; — la Prairie[4], de Fenimore Cooper, avec illustrations de M. Andriolli. Walter Scott est toujours Walter Scott, encore que miss Braddon, je croîs, ait cru devoir l’abréger, — sans

  1. Quantin, éditeur.
  2. Quantin, éditeur.
  3. Didot, éditeur.
  4. Didot, éditeur.