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le vaste glacier continental qui empêche toute exploration du sol. On peut supposer avec raison que ces éruptions, exceptionnellement abondantes, ont entraîné du fer métallique avant d’arriver au jour. Elles paraissent attester la présence, dans les profondeurs du globe, de masses de fer volumineuses, dont elles seraient en quelque sorte pour nous les avant-coureurs. C’est un fait dont il faut aussi tenir compte dans la théorie du magnétisme terrestre.

Après avoir fait ressortir, il y a vingt ans, les traits de ressemblance nombreux qui unissent les météorites aux roches terrestres profondes, et avoir montré comment quelques-unes peuvent être imitées par une désoxydation partielle de ces roches, j’ajoutais : « Rien ne prouve qu’au-dessous de ces masses alumineuses, qui ont fourni en Islande, par exemple, des laves si au (dogues au type des météorites de Juvinas ; qu’au-dessous de nos roches péridotiques, dont se rapproche tellement la météorite de Chassigny, il ne se trouve pas des massifs dans lesquels commence à apparaître le fer natif, c’est-à-dire semblables aux météorites du type commun ; puis, plus bas, des types de plus en plus riches en fer, dont les météorites nous présentent une série de densité croissante, depuis ceux où la quantité de fer représente à peu près la moitié du poids de la roche jusqu’au fer massif. » Cinq années après que ces lignes étaient écrites, les grandes masses de fer natif allié de nickel, dont il vient d’être question, étaient découvertes par M. Nordenskiöld. Les discussions sur leur origine, que l’on hésitait d’abord à reconnaître comme terrestre, suffisent pour faire ressortir les analogies étroites qui les rattachent aux météorites. L’étude de ces derniers corps nous a donc permis de pénétrer par induction dans la constitution interne de notre globe, comme par un regard pratiqué jusqu’à des profondeurs complètement inaccessibles à l’observation directe. Ainsi s’efface la dernière démarcation ; un lien des plus intimes s’établit entre les masses poussées de l’intérieur de notre planète et les corps célestes dont les météorites nous apportent des débris.


VII

L’influence extraordinaire que Descartes a exercée sur les progrès de l’esprit humain a été bien souvent appréciée. Chacun Sait combien en particulier les mathématiques et la physique lui sont redevables. Cependant, jusque dans ces derniers temps, on n’a pas rendu un assez complet hommage à ce puissant génie.

Il avait reconnu le rôle capital rempli par la chaleur dans la formation du globe terrestre. C’est lui qui, le premier, considéra la terre et les autres planètes, comme des astres refroidis à leur