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que les météorites paraissent avoir un lien de parenté avec les planètes. Entre les unes et les autres il y a la différence qui sépare les gaz et les vapeurs des corps solides.


II

On croit quelquefois que, se montrant incandescentes dans notre atmosphère, les météorites y ont subi une fusion complète. Nous avons déjà dit qu’il n’en est rien. Leur chaleur restant tout à l’ail superficielle, ces corps sont exactement ce qu’ils étaient dans les espaces, et ils nous apprennent quelle est la nature des astres dont ils dérivent. C’est pourquoi nous croyons devoir signaler leur constitution, sauf à entrer dans quelques considérations qui paraîtront peut-être un peu arides.

Un premier fait ressort de centaines d’analyses dues aux chimistes les plus éminens : c’est que les météorites ne nous ont jamais apporté aucun corps simple étranger à notre globe. Ceux qu’on a reconnus avec certitude sont au nombre de vingt-deux, parmi lesquels le fer, le silicium, l’oxygène, le magnésium, le nickel, le soufre, le phosphore et le carbone sont les plus importans.

Quoique revêtues toutes de cette enveloppe noire qui en est comme la livrée, les météorites examinées dans leur cassure offrent, à côté de traits de similitude, des différences considérables. Leurs divers types ont été répartis en quatre groupes, depuis le fer massif jusqu’à des pierres dépourvues de fer.

Les masses composées de ce métal et connues sous le nom de fers météoriques sont celles qui frappent tout d’abord l’attention. Le fer y est toujours allié à du nickel et à quelques autres métaux ; du carbone libre ou combiné leur est associé comme dans nos aciers ; du sulfure et du phosphore de fer y sont très souvent disséminés sous forme de globules et de grains. La structure des fers météoriques offre une particularité qui les fait reconnaître : si, après en avoir poli une surface, on la mouille avec un acide, on y voit immédiatement apparaître un grand nombre de ligues droites, rappelant par leur finesse et leur parallélisme une série de coups de burin et, s’entrecroisant, comme en réseau, selon des configurations géométriquement régulières. Ces dessins, dits figures de Widmanstaetten, du nom du savant qui les a le premier signalées, résultent de ce que le métal n’est pas de constitution homogène. Il se compose de deux alliages de fer et de nickel, à l’état cristallisé : l’un d’eux, sur lequel l’acide ne mord pas, ressort un relief sur l’autre qui est attaquable. Comme les météorites de ce groupe se distinguent de toutes les autres en ce qu’elles sont exemptes de matières pierreuses, elles ont reçu le nom d’holosidères, c’est-à-dire tout fer. Ces dernières