embaucheurs, enfin une organisation adaptée, autant que possible, aux traditions et usages du pays.
En prenant possession des îles, les agens du gouvernement anglais y trouvèrent les lois, coutumes, droits et obligations en vigueur dans cet archipel depuis un temps immémorial, et auxquels les indigènes doivent d’être devenus, plus que toute autre population de l’Océanie, un peuple homogène. Le Fijien ne connaissait que l’ordre de son chef et les usages de sa tribu. Voilà à quoi se réduisait son code, à l’époque de l’annexion, lui tant qu’il s’agit, de droits et d’obligations, l’individu n’existait pas pour la loi. Elle ne s’occupait que de la commune. Le système de parenté est agnatique. Les familles, les galis, originairement les descendans de frères, placées sous l’autorité patriarcale d’un chef et réunies en communautés, travaillent, prospèrent ou souffrent au commun, mais le plus souvent prospèrent aussi longtemps qu’elles forment une communauté, tandis que les individus, comme tels, ne réussissent presque jamais.
Le Fijien, quoique né agriculteur, n’a aucune idée de la nécessité et du profit d’un travail continu et réglé. Il ne travaille que pour vivre au jour le jour, c’est-à-dire quand il est forcé de travailler. De là la nécessité de laisser au chef de chaque tribu le pouvoir de déterminer la quantité de travail obligatoire et de punir ceux qui tâchent de se soustraire à cette obligation[1].
Telle est la nation ou la peuplade pour laquelle il s’agissait de trouver un modus vivendi sous le nouveau régime. Les Fijiens passaient d’emblée de l’état d’anarchie et de guerres permanentes sous l’autorité d’un gouvernement européen. On ne pouvait pas les faire passer avec la même promptitude de l’état sauvage à la civilisation. Il fallait donc compter avec les élémens qu’on trouvait, et on n’en trouvait que deux : le chef de tribu et le droit coutumier.
C’est à ce point de vue qu’il faut se placer pour juger la constitution élaborée et octroyée aux Fijiens par le premier gouverneur de la nouvelle colonie.
Les chefs des grandes tribus, les roko se réunissent une fois par an pour rendre compte de l’état de leurs tribus, en exposer les besoins et, s’il y a lieu, recommander des améliorations. Ils sont, en outre, tenus d’adresser au gouverneur des rapports écrits. Ce conseil, indigène ou national, ce native council, s’appelle embozé. Les chefs des petites tribus, les buli, administrent leur district et se réunissent, eux aussi, périodiquement. Dans ces assemblées, qu’on
- ↑ Mémorandum upon de establishment of district Plantations in the colony of Fiji for the purpose of enabling the native population to provide their taxes in a manner accordant with native customs, par M. Thurston, sans date, probablement 1875.