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à remédier, dans la mesure du possible, aux scandaleux abus dont l’administration de la justice offre le spectacle dans ce pays.

Voici quelles seraient, en substance, les conditions de paix qu’il conviendrait peut-être de substituer à celles auxquelles nos adversaires se sont péremptoirement refusés à souscrire jusqu’à ce jour : 1° paiement à la France d’une indemnité dont le quantum serait à déterminer, applicable, partie aux frais de la guerre, partie à la réparation des préjudices éprouvés par nos nationaux, et qui pourrait être stipulée payable par annuités ; dans ce dernier cas, la perception des droits de douane à Tamatave et à Majunga nous serait déléguée jusqu’à parfait paiement, mais jusqu’à concurrence seulement de la moitié de ces droits, le surplus devant être remis au gouvernement hova ; 2° cession en toute propriété et souveraineté à la France de la pointe nord de l’île, avec la baie de Diego Suarez et le port Liverpool ; 3° interdiction aux Hovas de céder aucune portion de leur territoire sans le consentement de la France ; 4° exécution intégrale du traité de commerce de 1868, sauf modification de l’art. 4 ; 5° institution sur tous les points où le gouvernement français le jugera utile, de tribunaux mixtes chargés de juger les différends entre Européens et indigènes, et dont les membres européens seront désignés par une commission internationale composée des agens consulaires et diplomatiques accrédités à Tananarive.

Nous avons la ferme confiance que ces nouvelles conditions de paix, tout en donnant satisfaction aux véritables intérêts que nous avons charge de sauvegarder, — et tout en préparant les voies à l’influence prépondérante que la France est sans doute appelée à exercer plus tard dans cette île, — auraient toutes chances d’être accueillies par les Hovas, dont nos propositions ont le mérite de respecter scrupuleusement l’indépendance, — et la conclusion de la paix, dans de semblables conditions fermerait pour longtemps l’ère des difficultés de toute nature contre lesquelles nous nous débattons, et qu’ont suscitées l’insuffisance de nos notions sur ce pays ainsi que nos exigences peut-être irréfléchies à l’encontre de nos adversaires.


TH. HALLEZ.