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pour une fin misérable, et la France fut marquée du même coup pour les catastrophes suprêmes. Charles IX, de sa naissance à sa mort, appartint à sa mère. Il avait dix ans à la mort de François II. Catherine de Médicis pouvait encore le subjuguer et le plier en vue de sa propre puissance. Elle allait inaugurer en France la politique insidieuse et perfide qui avait été celle de ses pères. Elle voulut faire de son fils un Médicis, et n’y parvint pas tout à fait. Charles IX garda toujours en lui quelque chose de français, par la bravoure, par l’esprit, et par le cœur aussi… Avant de revenir à son portrait, regardons d’abord ceux de Henri II et de Catherine de Médicis, afin de savoir qui des deux, du père ou de la mère, avait laissé sur ce fils la plus forte empreinte.

Parmi les nombreux et précieux crayons du Cabinet des estampes, à la Bibliothèque nationale de Paris, se trouve un portrait d’Henri II en pleine jeunesse et en pleine beauté, alors sans doute qu’il n’était encore que dauphin. La tête, de trois quarts à gauche, est coiffée du toquet empanaché qui était de mode à la cour vers 1545. Les traits sont réguliers, élégans, pondérés dans toutes leurs parties, sans qu’aucun d’eux affecte la moindre proéminence sur les autres. Claude de France, qui avait hérité de la beauté d’Anne de Bretagne sa mère, a corrigé, dans le visage de son fils, les exagérations qui sont les caractéristiques du visage de François Ier. L’ovale de la tête a de belles proportions ; il est pur de forme et suffisamment allongé, bien développé dans sa partie supérieure et suffisamment affiné vers le bas. Les yeux sont beaux, le regard en est doux et ferme à la fois ; le nez est droit sans être tombant, la bouche fine et spirituelle, le menton d’une saillie suffisante, la barbe soyeuse et bien plantée, l’oreille parfaitement dessinée et ornée d’un pendant en perle ; les joues sont légères et respirent la santé. En regardant ce portrait, on comprend l’amour de Diane de Poitiers pour le dauphin d’abord et pour le roi ensuite. — Un autre portrait d’Henri II, beaucoup plus important au point de vue de l’art, se voit au Musée du Louvre. C’est une peinture très précieusement faite et qui peut servir de pendant au petit portrait de Charles IX exécuté par François Clouet en 1569. Henri Il est représenté à l’âge de trente-cinq à quarante ans, dans les dernières années de sa vie, par conséquent. Il est en pied, debout, la main gauche appuyée sur la hanche, au-dessus du pommeau de l’épée, la droite pendant le long du corps et tenant des gants. L’élégance et la légèreté de la jeunesse l’ont abandonné ; l’embonpoint a envahi son corps robuste ; les jambes, emprisonnées dans leurs chausses blanches et collantes, sont massives ; la tête, de trois quarts à droite et coiffée d’une toque noire à plumes blanches, est pesante et le cou est gros ; la moustache et