Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
BRIGADIER MUSCAR

HISTOIRE DU TEMPS DES GUERRES DE LA REVOLUTION

I. Papiers et Correspondance de Muscar. — II. Archives de la guerre. — III. Archives de la ville d’Ostende.

L’histoire que je vais raconter est bien simple : c’est celle d’un brave homme et d’un brave soldat, qui eut une heure de mauvaise renommée et qui sut la racheter par toute une vie d’honneur et de devoir ; c’est la biographie, sans prétention, d’un de ces nombreux enfans du peuple, parvenus à grand’peine au grade de bas officier dans les dernières années de la monarchie et qui se réveillèrent un beau matin, grâce à l’émigration, lieutenant ou capitaines.

L’ancien régime avait ses vieux grognards, comme l’empire eut les siens plus tard, et, peut-être, à leur gloire n’a-t-il manqué qu’un Béranger. Même on trouverait aisément entre les deux types plus d’un trait de ressemblance : sans les premiers, la révolution eût été écrasée dès le début et réduite à capituler devant l’Europe ; sans les seconds, l’épopée impériale se fût terminée dix ans plus tôt, malgré tout le génie de Napoléon, un 1813, c’est au contact de ceux-ci, c’est à leur rude école que se formèrent si vite ces conscrits de seize et dix-sept ans dont les braves petites jambes eurent une si grande part aux prodiges de l’immortelle campagne de France.