Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MELCHIOR GRIMM

II.[1]
LA CORRESPONDANCE LITTÉRAIRE.

Grimm, ayant pris le parti de demander la fortune aux lettres, cherchait sa voie, travaillant pour les libraires, publiant des brochures, essayant de fonder des journaux. Une lettre à Gottsched nous apprend qu’il avait fourni un article sur le théâtre allemand à un Almanac historique de tous les spectacles. Le Petit Prophète était également né du goût du théâtre, et montrait en même temps un esprit aux aguets, une plume qui épiait l’occasion de placer son mot. Une tentative moins heureuse fut la publication d’un Journal étranger, recueil mensuel qui devait mettre la France au courant des littératures de « l’Europe savante. » Grimm en écrivit la préface et fut chargé un moment de la direction. Il ne trouva malheureusement pas au dehors les collaborateurs dont il avait besoin ; la Correspondance qu’il venait précisément de commencer lui prenait d’ailleurs trop de temps ; il fut donc obligé de renoncer à une tâche qui semblait particulièrement faite pour lui. Sa préface ou prospectus est tout à fait dans le ton des articles du Mercure, une protestation contre la suffisance d’un public à la fois ignorant et dédaigneux. Grimm veut bien reconnaître aux Français le privilège de faire les bons livres, mais il s’indigne contre leurs prétentions exclusives à la philosophie, et « ce mépris offensant pour des nations

  1. Voyez la Revue du 15 octobre.