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comporte sans doute aucun fait de guerre brillant ; elle est plus pénible que périlleuse et peut durer quelque temps. Mais il est établi que les hostilités ont recommencé sur toute la ligne des points occupés par nos garnisons, que nous sommes serrés de près aussi bien au nord qu’à l’ouest du Delta, et que, loin d’occuper toute la région que nous concédait le imité de Tien-Tsin, nous sommes comme assiégés dans nos forteresses du bas Fleuve-Rouge. Faudra-t-il donc envoyer là-bas de nouveaux renforts et dépenser de nouveaux millions pour une possession qui nous a déjà tant coûté et que l’hostilité invincible des populations et le voisinage dangereux de la Chine rendront toujours précaire ?

Le mois d’octobre se termine ainsi avec beaucoup de fermeté sur les valeurs étrangères et une certaine faiblesse sur les rentes françaises. Nos grandes valeurs nationales se sont un peu relevées des plus bas cours cotés au milieu du mois. La Banque de France a regagné 120 francs, le Crédit foncier 25 francs, le Lyon 11 francs, le Nord 8 francs, l’Orléans 12 francs, le Suez 37 francs, le Panama 18 francs. Les Chemins étrangers ont été également un peu mieux, tenus, les Autrichiens se relevant de 6 francs, les Lombards de 5 francs. Le Nord de l’Espagne et le Saragosse, un moment très offerts et précipités de 442 et de 325 à 417 et 317, ont repris une partie de cette moins-value. Les Chemins méridionaux ont monté de 15 francs à 697.

Pendant presque toute la quinzaine, l’attitude du marché au comptant a été très satisfaisante, les cours des fonds publics y étant constamment plus élevés qu’à terme. Les obligations des chemins de fer, toujours très recherchées, ont monté de 2 à 5 francs, celle du Nord touchant 395 francs. Les recettes continuant à être médiocres, l’épargne préfère actuellement les obligations aux actions ; celles-ci seront préférées à leur tour lorsque le réveil des transactions commerciales aura rendu l’activité au trafic. Mais quand sonnera l’heure de ce réveil ?

Depuis longtemps les circonstances ont été peu propices au lancement des affaires nouvelles. Aussi les émissions sont-elles rares. Il s’en est produit une cette quinzaine. Le Crédit industriel et la Société marseillaise ont mis en souscription le 29 courant, au pair, 20,000 actions de 500 francs, libérées de 250 francs. Il s’agissait de former le capital de la Compagnie des Chemins de fer du sud de la France, concessionnaire, avec une garantie d’intérêt de l’état à 5 pour 100, d’un réseau de lignes à voie étroite dans les départemens du Var, des Basses-Alpes et des Alpes-Maritimes.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.