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Dès le 19, les cours étant enlevés brusquement, le découvert s’est mis, en effet, à racheter, non-seulement sur le marché de nos rentes, mais aussi sur celui des valeurs. Les vendeurs ont d’autant moins hésité à procéder à cette liquidation que, contrairement aux prévisions pessimistes qui avaient eu cours jusque-là, l’incident oriental semblait entrer sérieusement en voie d’arrangement et que, sur toutes les places étrangères, les cours des valeurs internationales étaient l’objet d’un vif mouvement de reprise.

Le premier pas fait dans la voie du règlement de la question bulgare a été la déclaration collective des ambassadeurs, qui blâmait hautement la révolution rouméliote et louait la Turquie de son attitude conciliante et sage, Les puissances avertissaient, en outre, la Serbie et la Grèce qu’elles n’avaient à attendre du bon vouloir du concert européen aucune indemnité pour les griefs chimériques dont ces deux petits états se plaignaient, puisque l’objet de la diplomatie européenne allait être de rétablir le statu quo ante, c’est-à-dire l’ordre des choses existant légalement avant le coup d’état des comités du Philippopoli.

C’est sur la base du rétablissement du statu quo ante que vont commencer les délibérations de la conférence réunie à Constantinople. Les négociations qui ont préparé cette réunion ont été assez pénibles. Les puissances ne paraissaient pas d’accord sur le but à poursuivre, non plus que sur les moyens à employer. Certains cabinets, notamment celui de Londres, ont soulevé jusqu’au dernier moment des objections assez graves. De plus, on redoutait à tout instant d’apprendre l’entrée des troupes serbes sur le territoire de ta Bulgarie. Cette entrée a été plusieurs fois annoncée et démentie. Enfin le prince Alexandre s’est engagé à se soumettre aux décisions de la conférence ; le roi Milan a promis d’ajourner toute action militaire, l’Angleterre s’est ralliée en partie aux vues des autres puissances ; et l’on peut tenir pour vraisemblable le succès de l’intervention diplomatique et le maintien de la paix.

Les valeurs internationales ont largement profité de cette éclaircie dans les affaires d’Orient. Le Hongrois, après avoir fléchi au-dessous de 78 quand les impatiences de la Serbie semblaient devoir entraîner l’Autriche dans des complications belliqueuses, a repris successivement jusqu’à 80 1/2. L’Italien, compensé le 16, à 94.50, a franchi d’abord le cours de 95 francs, puis celui de 96, et se tient à 96.12. Le Turc a été porté de 13.60 à 14.50. La Banque ottomane, après avoir touché au plus bas 480, a dépassé 500 francs, et oscille de 503 à 508. Les Obligations helléniques ont remonté d’une quinzaine de francs ; les fonds russes de ¾ à une unité, les Obligations serbes de 20 francs, la Banque des Pays-Autrichiens de 12 francs, le Crédit foncier d’Autriche de 15 francs.