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REVUE LITTERAIRE

L'ELOQUENCE DE FLECHIER

Fléchier orateur, par M. L’abbé Fabre. Paris, 1885 ; Perrin.

On ne lit pas beaucoup Fléchier, ses sermons ni même ses Oraisons funèbres, encore moins sa Vie du cardinal Commendon ou son Histoire de Théodose le Grand ; cependant sa réputation continue de survivre à ses œuvres, et depuis deux cents ans bientôt, ii demeure l’évêque de Nîmes, comme Bossuet l’évêque de Meaux, Fénelon l’archevêque de Cambrai, Massillon l’évêque de Clermont : à Nîmes, on l’appelle même le « Cygne » du pays, Considérable au XVIIe siècle, et, jusque vers le milieu du siècle suivant, presque égale à celle de Bossuet, cette réputation a décru lentement, puis elle s’est relevée de nos jours, quand la publication de ses spirituels Mémoires sur les grands jours d’Auvergne, ramené l’attention sur Fléchier. Il semble bien que ce soit une marque de la valeur de l’homme, et la médiocrité ne connaît point de ces alternatives ; on n’a jamais hésité sur Pradon, par exemple, ou sur le père Bretonneau ; sitôt lus, sitôt jugés, et personne qui se soit avisé d’y contredire. — J’ai pris naguère occasion d’un livre intéressant, bien fait, un peu long peut-être, agréable pourtant à lire : la Jeunesse de Fléchier, par M. l’abbé Fabre, pour examiner sur quels fondemens reposait la réputation de l’évêque de Nîmes[1]. Je voudrais m’aider aujourd’hui d’un autre livre

  1. Voyez dans la Revue du 15 avril 1882, la Société précieuse au XVIIe siècle.