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1,000 sur la valeur des immeubles et 3 pour 100 sur leur valeur locative ; il y a en outre un impôt de 3 pour 100 sur le revenu, une taxe sur le bétail, sur les tabacs, sur les boissons. Le revenu total est de 35 millions de francs, dont la moitié provient des impôts fonciers et de la taxe sur le bétail. Les douanes rapportent 5 millions, le tabac 2 millions. Quant aux dépenses, le budget de la guerre prend 11 millions, et la gendarmerie, qui dépend du ministre de la guerre, 2 millions, la liste civile du prince 600,000 fr., la chambre 300,000 francs : ses membres reçoivent une indemnité de séjour pendant les sessions et des frais de déplacement. Plus de 2 militons sont accordés au ministère de l’instruction publique, le seizième du revenu total ; c’est bien pour un commencement.

bu point noir pour les finances de la Bulgarie, c’est l’obligation que le traité de Berlin lui impose de reprendre le chemin de fer de Routchouk-Varna, très utile à l’Europe pour les communications avec Constantinople, mais parfaitement inutile aux Bulgares. On exige 50 millions de cette ligne, qui n’en vaut pas 20 et qui sera entièrement délaissée quand la ligue Belgrade-Sophia-Sarembey sera achevée. On s’étonne de voir l’Angleterre appuyer d’iniques exigences. La Bulgarie a adopté, comme la Serbie, la Grèce, la Roumanie et la Finlande, le système monétaire français ; seulement le franc s’appelle ici leff. Une banque nationale a été fondée sur le modèle de celle qui existe en Belgique. Elle a le droit d’émettre des billets de banque, de faire l’escompte et même, sous certaines conditions, de faire des avances. Elle est dirigée par l’an des hommes les plus distingués de sa nationalité, M. Guéchof, ancien ministre des finances en Roumélie. D’après ce qu’il m’apprend, la banque fait encore peu d’affaires, faute de « matière escomptable. » Une cour des comptes a été établie, mais elle se borne à faire le relevé des dépenses effectuées, Pour empêcher le renouvellement des graves abus commis récemment, il faudrait qu’elle fût complètement indépendante, ses membres étant inamovibles, et qu’elle fut investie du droit d’examen préalable de tous les mandats, dont aucun ne serait payable que revêtu de son approbation[1].

Comme en Serbie, les conditions sociales en Bulgarie sont aussi bonnes qu’on les peut désirer. Point de grande propriété, point

  1. Ce qui prouve la nécessité de ce système de contrôle, ce sont les faits qu’a révélés l’enquête ordonnée par la chambre (1885) sur les abus commis sous le minière du coup d’état On voit que, 2,553,5560 francs n’étant pas suffisans pour la construction et l’ameublement du palais, 200,000 francs ont été dépensés en plus sur un ukase du prince, sans vote de l’assemblée : 200,000 francs pour les voyages princiers et des supplémens de traitement ont été pris au trésor ou à la banque nationale, toujours sans le vote préalable ou postérieur de la chambre, ce qui était contraire à la constitution même telle qu’elle était modifiée par le coup d’état.