d’ajouter à ses inquiétudes par des menaces de violences nouvelles, et, pour couronner l’œuvre, ils proposent à Paris de répondre à la province de la belle façon en nommant, le 18, la fleur des radicaux. Voilà qui est faire de la haute politique et comprendre les intérêts de la république ! Les républicains prétendent encore faire marcher la France, ils croient cela tout simple : il n’y a qu’à donner un coup de gouvernail à gauche, comme on le dit d’un mot dont on ne comprend même pas le sens, — ou à exhumer le faisceau des licteurs, avec la hache au bout, suivant l’expression imagée de M. Lockroy ! Au lieu de se livrer à ces aberrations et à ces fantaisies qui ne sont pas sans danger, les républicains feraient beaucoup mieux de s’imposer pour pénitence quelques jours de réflexion, de se donner le temps de lire d’un regard plus attentif dans ce scrutin qui a un moment troublé leur raison ; ils feraient mieux de comprendre ce qu’ils n’ont pas encore compris qu’on ne fonde pas un régime et un gouvernement avec de l’anarchie, qu’on ne conduit pas un pays comme la France en lui faisant violence, en le troublant dans sa sécurité, dans ses intérêts, dans toute sa vie morale et matérielle. C’est, pour le moment, la plus évidente moralité du scrutin du 4 octobre.
À peine les élections s’achèvent-elles en France cependant, l’agitation électorale commence en Angleterre. De toutes parts, dans le royaume-uni, on se prépare à ce nouveau scrutin, dont la date n’est pas encore fixée, qui est néanmoins considéré dès ce moment comme une épreuve décisive, qui a, certes, son importance, et parce qu’il va s’ouvrir dans des circonstances extérieures ou intérieures assez graves et parce que deux millions d’électeurs de plus vont concourir au vote. Déjà la campagne est engagée et les chefs des partis anglais ont commencé leurs tournées avec la préoccupation visible de conquérir cette masse électorale nouvelle qui, pour la première fois, va dire son mot sur les affaires publiques. Les leaders libéraux, lord Hartington, M. Goschen, sir William Harcourt, lord Rosebery, M. Chamberlain, sir Charles Dilke, ont ouvert le feu, et leur vieux chef, M. Gladstone lui-même, après quelques semaines de repos, a repris à leur tête son poste de combat ; il a publié son manifeste, qui peut passer pour le programme du parti. Les leaders du torysme, à leur tour, lord Randolph Churchill, sir Stafford Northcote, devenu lord Iddesleigh, lord George Hamilton, le chancelier de l’échiquier sir Nachael Hicks Beach, se sont jetés dans la lutte, opposant discours à discours, et le chef du cabinet, lord Salisbury, vient d’exposer ces jours derniers, à Newport, le programme conservateur. Bref, la campagne est ouverte, elle promet sûrement d’offrir un singulier intérêt, d’autant plus que les partis qui vont se rencontrer en adversaires au scrutin sont visiblement livrés à un profond travail de transformation dont le dernier mot est loin d’être dit.
Tout est, en vérité, assez nouveau dans ces élections anglaises qui