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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 octobre.

Voilà donc cette journée du 4 octobre passée et le grand secret des urnes divulgué ! C’est fait, et sauf le vote de ces jours prochains qui doit compléter le scrutin du 4, les résultats généraux des élections françaises sont dès ce moment clairs et certains : ils sont même retentissans et significatifs. C’était, à vrai dire, un pressentiment assez universel que ces élections pouvaient ménager bien des surprises, qu’elles devaient dans tous les cas être une épreuve sérieuse et peut-être décisive. On savait, pour l’avoir distingué bien des fois, que dans cette grande masse nationale de France qui parle peu souvent et dont les partis ne sont que les interprètes infidèles, il y avait une indicible fatigue, de l’inquiétude, une sorte d’ébranlement ou de dégoût, que le pays excédé avait de secrètes révoltes d’impatience. On ne doutait pas que ces malaises ne pussent se manifester à la première occasion et que le scrutin de liste, voté si à propos, ne pût servir à traduire sous une forme concentrée tous ces sentimens indistincts d’une nation mécontente et froissée. On admettait enfin, et les républicains qui ont encore quelque clairvoyance n’étaient pas les derniers à l’admettre, que par une sorte de réaction logique et naturelle, cette situation fatiguée, ébranlée devait ménager nécessairement quelques succès à l’opposition conservatrice dans des régions plus particulièrement éprouvées par les crises du temps. On croyait qu’il pourrait y avoir trente, quarante représentais conservateurs de plus dans la chambre nouvelle : c’était déjà un retour d’opinion, une nouveauté d’une singulière signification. On le pensait ainsi ! Ce qu’on ne soupçonnait pas, c’est que,