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un ami de Diderot, un partisan de la musique italienne et un hôte assidu des salons littéraires. Morellet ne nomme Grimm qu’une fois, pour l’avoir vu aux vendredis de Mme Necker, et il l’oublie dans la liste des hommes de lettres dont il avait fait la connaissance chez le baron d’Holbach. Garat, à la vérité, met Grimm au nombre des étrangers de distinction que Suard avait rencontrés dans le monde, mais Garat déjà était averti ; il écrivait après la publication des Confessions de Rousseau et de la Correspondance littéraire elle-même. Qu’est-ce à dire, et comment s’expliquer l’indifférence apparente des contemporains à l’égard d’un homme qui nous paraît tenir, au contraire, une place assez considérable dans l’histoire littéraire du XVIIIe siècle? Comment concilier un rôle si effacé avec l’attachement extraordinaire que Diderot portait à Grimm.. avec le portrait surtout que nous a laissé Rousseau, c’est-à-dire le peintre le moins prévenu en faveur de son modèle qui ait jamais tenu le pinceau? Grimm, dans les Confessions, est un bon compagnon, recherché, fêté, des plus répandus, doué en même temps d’un ascendant naturel devant lequel pliaient ses amis. Le problème, à y regarder de plus près, ne semble pas insoluble. Les pages des Confessions auxquelles je viens de faire allusion se rapportent à la jeunesse de Grimm, aux premières années de son séjour à Paris. Il était alors, en effet, homme du monde, passionné de musique et de spectacles, et son amour pour Mlle Fel, son rôle comme tenant du coin de la reine, son Petit Prophète l’avaient mis à la mode. Peu à peu, cependant, sa vie changea. Il avait entrepris la rédaction de la Correspondance, tâche considérable, à laquelle il était obligé de donner beaucoup de temps. De là des habitudes sédentaires. Ses relations avec Mme d’Epinay, femme d’une mauvaise santé, achevèrent de l’enlever au monde. C’était une éclipse. L’éclipsé fut plus complète encore lorsque Grimm devint courtisan et diplomate, fit de fréquens voyages en Allemagne et de longs séjours en Russie. Il disparut dès lors des cercles littéraires, de sorte que ceux-ci finirent par l’oublier. Ainsi s’explique le silence qui se fait de plus en plus autour de son nom à mesure qu’on avance dans la seconde moitié du siècle. La personne de Grimm, ne l’oublions pas, ne nous est devenue familière que par les Confessions de Rousseau et les Mémoires de Mme d’Epinay. Or la seconde partie des Confessions, celle où il est question de Grimm, ne parut qu’en 1788, à la veille de la révolution, et les Mémoires ne virent le jour que trente années plus tard, lorsque l’ami de Mme d’Epinay était mort depuis onze ans. C’est à nous également qu’il était réservé d’apprendre toute la valeur de Grimm comme écrivain, sa réputation littéraire reposant essentiellement, on peut le dire, sur une correspondance qui était