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dans le Limousin, dans le Berry, dans le Bourbonnais, etc. Mais cette part, ainsi prélevée en argent sur le métayer, ne lui met-elle jamais sur les épaules une charge qui devrait peser sur le propriétaire, et ne dépasse-t-elle pas souvent le montant de l’impôt foncier et des autres charges dont le bailleur prétend ne demander que le remboursement? M. de Tourdonnet et un autre défenseur non moins convaincu du métayage, M. de Garidel, soutiennent la légitimité de cet impôt colonique et s’attachent à y montrer une simple équivalence. Il entre, nous semble-t-il, dans ces calculs des quantités un peu vaguement déterminées auxquelles l’impôt colonique ne ferait, dit-on, que correspondre. Nous pouvons avancer, l’enquête en main, que les propriétaires sont, pour la plupart, partisans de l’impôt colonique, qui leur paraît juste et qui est certainement conforme à leur intérêt au moins immédiat; car on peut douter que toute charge imposée au-delà de son dû au métayer profite en général à l’institution. Nous nous montrerons très réservé sur ce point si débattu. Pourtant nous remarquerons qu’on cite des propriétaires qui acceptent cet impôt sur leurs domaines. Nous lisons, dans un rapport sur le métayage, lu par M. Talon devant la société d’agriculture de l’Allier, ces lignes significatives : « Les propriétaires justes font payer à leurs métayers une prestation colonique assez faible. — A Toury, le prix moyen de cette prestation est de 250 francs pour les domaines de 55 à 65 hectares d’étendue. J’ai entendu parler de métayers soumis à des fermiers qui payaient à leurs maîtres pour 1,200 francs de charges, et ce pour des domaines de valeur et d’étendue ordinaires. » Ce sont là des faits à éclaircir en y regardant de très près, si l’on ne veut pas que l’impôt colonique devienne une pomme de discorde entre les propriétaires et les métayers. Nous pensons qu’il y a dans cette fixation de l’impôt, par une sorte d’abonnement dont le propriétaire fixe le chiffre, quelque chose d’un peu arbitraire qu’on fera bien d’éviter le plus possible ; il ne faut pas laisser croire que le propriétaire ajoute ainsi à ses avantages. Fût-il vrai même que le métayer y gagne dans plus d’un cas où le propriétaire, généreux et à son aise, ne fait pas même rembourser ses autres libéralités, cette comptabilité élastique nous parait se ressentir de coutumes trop patriarcales et peu en rapport avec les nécessités du métayage moderne. Si un tel impôt n’est pas à supprimer, il y aurait à le déterminer par des procédés plus clairs et plus exacts.

Les plus délicates et les plus difficiles questions, avec celle de l’impôt colonique, sont celles qui concernent la quotité afférente aux parties contractantes. Nous dirons d’abord en quels points nous sommes d’accord avec les écrivains et les déposans qui s’en sont occupés, et sur quoi portent nos objections. Certaines personnes regardent