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d’occupation reste à la charge de l’empire ; mais qu’on entretienne ces soldats ici ou ailleurs, la charge n’en est pas augmentée. Voici le produit des principaux impôts en 1883. La dîme de 10 pour 100 sur tous les produits des champs et des jardins payés en argent d’après le prix des produits fixé annuellement : 2,552,000 florins ; impôt sur la valeur des immeubles, 4 par 1,000 ; pour les terres 252,000 florins, pour les maisons 107,000 florins ; impôt du verghi sur les districts où l’impôt précédent n’est pas encore établi : 176,000 florins ; impôts de patente : 3 pour 100 sur le revenu estimé, 91,000 florins ; impôt sur le loyer des maisons : 4 pour 100, 34,000 florins ; impôt sur les moutons et les chèvres, 18 kreuzer par tête (1 kreuzer vaut 2,1 centimes) ; impôt sur les cochons à 35 kreuzer par tête, 39,000 florins ; impôt sur les débits de boisson : 51,000 florins ; douanes : 600,000 florins payés par l’empire comme part dans le revenu général ; timbres : 173,000 florins. Plus heureux que M. de Bismarck, M. de Kallay a organisé le monopole du tabac, qui donne déjà 2,127,000 florins, et le sel 992,000 florins. Il a établi l’impôt sur la bière, qui, à 16 kreuzer par hectolitre, a donné 11,000 florins, et l’impôt sur l’alcool, qui, à raison de 3 kreuzer par hectolitre et par degré, produit 76,000 florins. D’autre part, on a aboli l’impôt sur le revenu des cultivateurs, qui, à 3 pour 100, rapportait 225,000 florins, mesure excellente ; la taxe détestable de 2 1/2 pour 100 sur la vente du gros bétail ; la taxe vladikarina de 40 à 75 kreuzer par maison, que payait pour l’entretien de son clergé la population orthodoxe, qui s’est grandement réjouie de cette réforme ; enfin l’impôt spécial qui était dû par tout chrétien de quinze à soixante-quinze ans parce qu’il n’était pas admis au service militaire. Ces détails, peut-être très minutieux, sont cependant instructifs. Analysés, ils révèlent de la façon la plus claire toutes les conditions économiques. Ce qui frappe, c’est l’extrême modicité du produit : preuve certaine du peu de développement de la richesse.

L’Autriche a trouvé en M. de Kallay un administrateur hors ligne, admirablement préparé à gouverner les provinces occupées. Hongrois d’origine, connaissant à la fois les langues de l’Occident et celles de l’Orient, économiste instruit, écrivain brillant, ayant étudié à fond la situation de la péninsule, où il a représenté son pays à Belgrade pendant plusieurs années, auteur de la meilleure Histoire de la Serbie et enfin, je crois pouvoir ajouter, ami éclairé de la liberté et de tous les progrès, où son prédécesseur avait échoué il a réussi. Il visite presque chaque année la Bosnie, qui est l’objet constant de ses travaux, et il y est très aimé. Sa présence seule a suffi pour mettre fin à un commencement