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œuvre, sur lesquels, pour le parfaitement connaître, nous aurions besoin de quelques éclaircissemens. Rien n’importe plus aujourd’hui, dans cette abondance où nous sommes de travaux et de documens, que de savoir exactement quelles recherches restent encore à faire, et dans quel sens il les faut diriger. Si on le savait mieux, il se publierait moins de livres inutiles ; et, de notre côté, nous nous plaindrions moins souvent de l’étrange façon de travailler qui s’est accréditée depuis trop longtemps parmi nous.


C’est sur les Provinciales qu’il y a, je crois, le moins à dire ; et peu de mots nous suffiront. Sainte-Beuve, en effet, a tout dit ou tout indiqué, mais si bien et de telle manière que quiconque en veut dire quelque chose ne peut guère ici que copier ou contredire Sainte-Beuve. L’origine des Provinciales, leur composition, les circonstances de leur impression, l’effet soudain qu’elles produisirent, leur retentissement, leur condamnation, leur rôle dans l’histoire de la langue et de l’esprit français, leur valeur littéraire durable, l’admiration que ceux mêmes contre qui l’on s’en sert n’ont pu toujours leur marchander : tout cela est connu de longue date. Que si pourtant quelque détail en avait échappé jadis à l’active curiosité de l’historien de Port-Royal, les éditeurs récens des Provinciales l’auront sans doute glané sur ses traces. Entre ces éditeurs, c’est un plaisir autant qu’un devoir pour nous de nommer particulièrement M. Ernest Havet et M. Henry Michel.

Tout au plus pourrait-on prétendre, et encore si des discussions récentes n’en avaient pas, pour quelque temps, épuisé l’intérêt, qu’il y aurait lieu d’examiner, à l’occasion des Provinciales, de plus près que ne l’ont fait eux-mêmes M. Michel ou M. Havet, le problème général de la casuistique. Nous ne connaissons assez ni Escobar ni Sanchez, et nous ne savons pas si la casuistique ne tiendrait pas peut-être plus étroitement au fond même du catholicisme que Pascal ne l’a semblé croire. L’abbé Maynard, jadis, dans une édition des Provinciales, avait essayé de traiter la question, mais avec moins de succès que de bonne volonté. J’exprimerai mon étonnement que ni l’abbé Fuzet, dans sa réfutation de Sainte-Beuve, ni M. Ricard, dans son imitation du livre de l’abbé Fuzet, n’aient suivi ce premier exemple. Mais ils se sont contentés, selon l’ordinaire, d’épiloguer sur l’exactitude ou la portée des citations.

Peut-être enfin, comme quelqu’un l’a dit, dont le nom m’échappe, faudrait-il bien, pour en terminer avec les Provinciales, faire observer qu’elles ne sont pas uniquement remplies de la polémique de Pascal contre les casuistes. On ne s’en douterait guère à entendre ce qui s’en dit, et guère davantage à lire ce qui s’en écrit. Cependant, ni les quatre premières, ni les trois dernières, sept sur dix-huit, par