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c’est-à-dire une dette nouvelle, on s’est passé de cette ressource, et, par conséquent, on en a fait disparaître l’inscription de la comptabilité publique.

Si nous considérons maintenant la situation de la dette publique, nous voyons qu’elle présente, pendant la période du 1er janvier 1883 au 30 juin 1884, soit dix-huit mois, une augmentation de 5,716,658 francs dont il faut déduire 4,757,068 francs représentant l’amortissement des dettes rachetables, ce qui réduit l’augmentation de la rente consolidée à 959,590 francs. En regard de cette nouvelle charge, peu considérable, il suffit de placer l’emploi du capital obtenu par l’émission de rente dont nous venons de parler, soit 113,817,678 francs consacrés à des constructions de chemins de fer. Le ministre a donc le droit de dire que, si la rente s’est accrue, le patrimoine de la nation s’est augmenté au grand profit de la civilisation et du bien-être général.

L’exposé financier de M. Magliani aurait été incomplet s’il n’avait entretenu la chambre de l’abolition du cours forcé et des conditions actuelles de la circulation monétaire Le ministre a fourni de nombreux détails sur cette opération, qui, dit-il, mériterait à elle seule les développemens d’un long discours. Sans entrer dans les particularités du sujet, il n’est pas possible de passer sous silence la facilité avec laquelle cette grande opération s’est accomplie. Les populations italiennes ont donné là une nouvelle preuve de ce calme et de ce bon sens dont nous parlions au début de ce travail. On se souvient qu’il s’agissait de rembourser 644 millions de papier-monnaie, avant cours forcé, émis à l’époque des grandes épreuves politiques et financières de la péninsule. Cette somme colossale fut fournie par un certain nombre de grandes maisons de banque italiennes, anglaises et françaises en échange de titres de la dette consolidée. Le retrait du papier-monnaie commença le 12 avril 1883. La confiance dans le crédit de l’état est si générale et si solide, qu’au 20 novembre 1884 le total des billets présentés à l’échange dépassait à peine 366 millions. Pendant la période du cours forcé, et sauf quelques exceptions passagères, le public avait accepté le papier-monnaie avec une confiance inébranlable dans l’avenir et un sang-froid que bien peu de nations auraient égalé en pareille circonstance. Quand l’heure du remboursement en espèces est venue, le même bon sens pratique, le même calme ont empêché la foule de se précipiter aux guichets du gouvernement. Il est impossible de n’être pas frappé de cet exemple ; il dénote une rare intelligence et des qualités politiques non moins exceptionnelles. Dans cette occasion, les Italiens ont affirmé, plus peut-être que dans d’autres circonstances plus retentissantes, leur droit à figurer parmi les grandes nations.

Terminant son exposé par des considérations générales d’une grande