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composés de deux semestres appartenant à deux années consécutives. De là la nécessité d’un exercice exceptionnel, celui du premier semestre de 1884. Au moment où parlait le ministre, cet exercice spécial était clos. Il en étudie les comptes et y trouve de nouveaux argumens en faveur de sa thèse.

Tout d’abord il faut remarquer que cet exercice semestriel présente deux particularités importantes. La première est la disparition des revenus provenant de l’impôt sur la mouture, désormais aboli ; la seconde, le retour à l’état du monopole des tabacs concédé jusqu’à cette époque à une compagnie fermière.

A première vue, les résultats du premier semestre de 1884 ne paraissent pas favorables. Ils se chiffrent, en effet, de la manière suivante :


Recettes 658.021.595 fr.
Dépenses 666.793.054
Différence, environ 8.750.000 fr.

Le premier semestre de 1884 se solde donc en déficit ; mais ce déficit n’est qu’apparent. Il est, en effet, une conséquence du caractère exceptionnel de l’exercice. Personne n’ignore que le premier semestre de l’année solaire est particulièrement lourd pour les finances publiques. Une grande partie des échéances du trésor se concentre sur cette période ; d’autre part, les perceptions, au commencement de l’année, sont plus difficiles, les rentrées moins abondantes. Le nombre des contribuables en retard est toujours considérable. Beaucoup d’entre eux attendent pour s’acquitter la réalisation des récoltes ; ceux dont la fortune consiste en valeurs mobilières ne touchent fréquemment leurs revenus qu’au commencement du second semestre. De là un désavantage marqué, au point de vue de l’administration financière, pour la première moitié de l’année.

M. Magliani a établi, par un calcul très complet, que ce budget semestriel, ramené à sa compétence normale, c’est-à-dire aux évaluations rationnelles de recettes et de dépenses, aurait dû laisser un déficit de 25 millions environ. En réalité, le déficit n’a été que de 8,000,000 fr. Si l’on fait au premier semestre en dépenses et en recettes la part égale par rapport au second semestre, ce premier semestre laisserait, d’après le calcul de M. Magliani, une avance de 19 millions, dont 15 millions provenant de recettes ordinaires et d’économies.

Il y a donc lieu de considérer comme très encourageans les résultats de ce premier semestre, surtout si l’on veut bien ne pas oublier ce point essentiel que, pour la première fois, le trésor était privé des ressources de l’impôt sur la mouture qui a produit jusqu’à 83 millions