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premiers mois de 1885 donnent un excèdent de plus de 2 millions sur les prévisions budgétaires.

Voilà, ce nous semble, un compte budgétaire qui n’est pas alarmant : 24 millions de plus que les prévisions de recettes ; 25 millions de dépenses imprévues soldées par les ressources normales du budget : 1 million d’excédent de recettes en définitive, et parmi les causes de plus-values, la douane et les taxes de fabrication, qui témoignent de l’activité industrielle et commerciale. Au point de vue économique et financier, il y a lieu de se déclarer satisfait.

M. Magliani ne l’est pourtant pas d’une manière complète. C’est que les précédens exercices l’avaient gâté. Et, en effet, voici ce qu’ont donné, en excédent de recettes, les exercices 1880, 1881 et 1882. L’exercice 1880 s’est soldé par une avance de 41,936,000 francs ; l’exercice 1881, par 51,369,000 franc3, l’exercice 1882, par 4 millions de francs ; tandis que l’exercice 1883, dont nous nous occupons spécialement, ne présente qu’un excédent de 949,772 francs. Le fait mérite qu’on s’y arrête et qu’on l’explique. Faut-il y voir l’indice d’une décroissance des forces productrices du revenu public ? Non, assurément. Nous avons déjà constaté, pour l’exercice 1883, un excédent de 24 millions environ sur les prévisions de recettes budgétaires. Il est vérifié que les revenus publics suivent une progression croissante. Le secret de la décroissance rapide des excédons annuels doit, par conséquent, être demandé au budget des dépenses, et c’est là que nous trouverons l’explication de la situation qui vient d’être indiquée.

La progression des dépenses, ses causes diverses, normales ou transitoires, et la nécessité de la ralentir en l’obligeant à marcher du même pas que la progression des recettes, tel est le sujet principal et aussi la partie la plus intéressante de l’exposé de M. Magliani.

Son argumentation a pour but de démontrer que les excèdens de recettes ayant un caractère normal et permanent sont supérieurs aux excédons de dépenses de même nature, et que, par conséquent, si l’on a le bon sens de supprimer, ou du moins de restreindre, dans les limites des disponibilités budgétaires, les dépenses ayant un caractère exceptionnel et transitoire, l’équilibre du budget ne courra plus aucun risque.

De là une classification des dépenses et des recettes en normales ou permanentes, el extraordinaires ou transitoires. Les chiffres principaux ressortent comme suit pour les dépenses :


Augmentations normales 10.000.000 fr.
Augmentations extraordinaires 25.728.000
Ensemble, environ 36.000.000 fr.