nous bornant à l’étude des commencemens du paysage dans l’art des Flandres, nous aurons occasion de constater à quel point, dans l’interprétation pittoresque de la nature, ils se sont montrés supérieurs à leur époque. Ce n’est pas là, assurément, un des chapitres les moins curieux de cette histoire du paysage qui, après nous avoir permis d’assister à ses humbles débuts, nous le fait voir prenant une place croissante dans l’art jusqu’au moment où il y forme un genre distinct et finit par éliminer tout à fait la représentation de la figure humaine, à laquelle il s’est peu à peu substitué.
Comme dans l’antiquité, comme en Italie au début de la renaissance, la peinture ne s’est développée, au nord de l’Europe, qu’après l’architecture et la sculpture, et c’est dans les manifestations de ces deux arts que nous devons chercher les premières apparitions d’une étude directe de la nature. Pendant la période romane, les traditions de l’art byzantin s’étaient en partie maintenues, sinon dans l’exécution d’œuvres importantes, du moins pour les ouvrages de petites dimensions, travaux d’orfèvrerie ou sculptures en ivoire dues généralement à des artistes grecs qui avaient encore conservé quelque chose de l’habileté de leurs ancêtres. Des palmettes groupées avec goût, et qui servent parfois d’encadrement à des scènes figurées sur des plaques d’ivoire, ou bien des fleurons concourant à l’ornementation des châsses et des objets servant au culte sont les rares emprunts faits au règne végétal qu’on puisse signaler dans ces décorations ; encore serait-il difficile de spécifier quelles plantes en ont fourni les types. Ce sont des copies de formes anciennes qui, ainsi reproduites, s’adaptent avec plus ou moins de convenance aux destinations qui leur sont assignées. On peut, d’après plusieurs bas-reliefs de cette époque, se rendre compte de la barbarie et de la maladresse avec lesquelles le paysage lui-même est traité lorsque l’artiste a besoin de recourir à la nature pour mieux spécifier les sujets qu’il veut représenter. La reliure d’un sacramentaire de Metz, qui remonte au IXe siècle, nous montre, dans un Baptême du Christ, les eaux du Jourdain figurées par des stries ondulées et parallèles qui forment une sorte de cône élevé à une hauteur suffisante pour masquer la nudité du personnage. Les fonts baptismaux de la cathédrale d’Hildesheim, travail en bronze datant du XIIe siècle, reproduisent une pareille boursouflure des flots et dénotent une ignorance non moins grossière des principes les plus élémentaires de la perspective.
À vrai dire, ces essais d’interprétation pittoresque, et le style même auquel ils appartenaient, dérivaient d’une manière plus ou