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la vieille Allemagne y revivait avec sa poésie et sa grossièreté, ses légendes et sa foi ; mais c’était l’exception : bien souvent le pinceau n’avait servi qu’à dissimuler la pauvreté des matériaux, à figurer les lignes absentes d’une architecture artificielle. C’est dans ce système bâtard qu’avait été construite la résidence électorale, vaste palais dont les longues façades étaient décorées de fausses corniches, de fausses fenêtres, d’ornemens postiches peints en gris jaunâtre sur un mur nu. L’aspect extérieur en était misérable; Hans Reifenstül et Heinrich Schon, les architectes du grand Maximilien, ne manquaient pourtant pas de talent, mais la pierre était rare et l’argent, absorbé par la guerre, avait fait défaut; là où ils avaient pu concentrer des ressources suffisantes, ils avaient fait preuve d’invention et de goût ; les portes d’entrée, avec leurs figures de bronze et leurs lignes de marbre, ont du caractère et de la couleur, les fontaines monumentales qui animent les cours intérieures ont de la puissance et du mouvement, le « grottenhof, » avec ses portiques en rocaille et ses jolies statuettes de bronze, d’inspiration toute florentine, apparaît comme un petit coin de l’Italie égaré sur les bords de l’Isar. A l’intérieur du palais, il y avait aussi de belles salles peintes à fresque sous la direction de Pierre de Witt, une chapelle ravissante où des stucateurs inconnus avaient imité avec un rare bonheur l’effet décoratif des mosaïques de Florence. Mais ces arrangemens antiques ne plaisaient pas à Max-Emmanuel, qui rêvait déjà de les remplacer par les belles boiseries et les élégans trumeaux qu’il demanda plus tard à l’art français. En attendant, il résidait peu à Munich ; les voyages de Venise et de Vienne en hiver, les campagnes de Hongrie en été prenaient une grande partie de l’année; il passait le reste de son temps dans ses châteaux, près des forêts, où il aimait à courir le cerf et le sanglier, au bord des rivières, où il tirait le castor. C’étaient Landshut, Leonsberg près de Straubing, Keyserfeld, Nymphenbourg, où 800 prisonniers turcs creusaient un canal et préparaient les embellissemens de l’avenir ; enfin Schleissheim, sa résidence favorite, où il devait essayer plus tard de reproduire les magnificences de Versailles.

C’est à Leonseberg qu’il reçut Villars : il lui fit l’accueil le plus empressé, lui a donna une chambre, » faveur très exceptionnelle et très remarquée. L’envoyé autrichien, le comte de Thun, logeait dans un village, à un quart de lieue du château. On y chassa quelques jours, puis on se rendit à Schleissheim. Ce n’était alors qu’un pavillon bâti par l’électeur à l’entrée d’un bois, au milieu d’une plaine peu pittoresque. Ce pavillon subsiste toujours et a conservé sa disposition primitive : au centre, une grande salle autour de laquelle se groupent, en deux étages superposés, des chambres peu nombreuses et qui se commandent; la petite cour s’entassait dans ces