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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 juillet.

S’il ne fallait que des programmes, des manifestes, des déclarations, des discours pour édifier l’opinion, pour mettre d’avance la clarté dans un grand scrutin, les préliminaires des élections prochaines commenceraient, certes, à être assez complets. Il y a déjà une assez copieuse variété de ces œuvres nées de la circonstance, destinées à mourir avec la circonstance : elles prennent toutes les formes et elles ont toutes les couleurs. Il y a les programmes des politiques, des tacticiens, des libéraux, des opportunistes, des socialistes, des révolutionnaires, des anarchistes, même de « l’alliance républicaine des radicaux et des progressistes de la Seine, » sous le nom de M. Tolain ; il y a les programmes qui disent trop, beaucoup trop, à côté des programmes qui ne disent rien, qui ne se composent que de subterfuges et de réticences. Les comités sont occupés à rédiger leurs ordres du jour avant la bataille, et ces discussions qui viennent de se réveiller dans les chambres, aux derniers momens de la session, sur nos plus sérieuses ailaires, sur la politique coloniale aussi bien que sur les finances, ces discussions ne sont visiblement elles-mêmes qu’un manifeste dialogué. M. Jules Ferry retrouve la parole pour essayer de réhabiliter son ministère ; et de se relever de sa chute. M. Clemenceau va porter son plan de campagne et ses idées à Bordeaux, sans préjudice des discours qu’il prononce au Palais-Bourbon. M. Waldeck-Rousseau, l’ancien ministre de l’intérieur, va parler en Bretagne, tandis que M. Ribot résume dans une circulaire aux électeurs du Pas de-Calais ce qu’il a dit, il y a quelques semaines, dans son discours de Saint-Pol. Le sénat lui-même s’en mêle avec ces discussions d’hier, où M. le ministre des finances, le rapporteur du budget, M. Édouard Millaud, se sont efforcés d’opposer leur optimisme aux énergiques démonstrations de ceux qui ne veulent pas fermer les yeux sur la gravité de notre situation financière. Ainsi, de tous les côtés, par toutes les voies, on s’efforce de