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l’Yonne. L’empereur se jette sur Blücher et bat successivement à Champaubert, à Montmirail, à Château-Thierry et à Vauchamps les quatre corps de l’armée de Silésie, les 10, 11, 12 et 14 février. Puis, laissant Marmont et Mortier en observation sur la Marne et l’Aisne, il marche contre Schwarzenberg, qu’il défait à Mormant, à Nangis, à Montereau, à Villeneuve, à Méry, et qu’il force de rétrograder jusque vers Chaumont et Langres. L’empereur alors revient sur Blücher, aux prises, entre la Marne et l’Ourcq, avec Marmont et Mortier. — Le 2 mars, la situation est celle-ci : les armées de la coalition sont battues et désunies; l’armée de Bohême est à soixante-quinze lieues au sud-est de Paris, l’armée de Silésie est en retraite vers le nord. Vainqueur dans dix combats depuis vingt jours. Napoléon passe la Marne à la tête de 35,000 hommes; ses derrières et son flanc droit sont couverts par les 30,000 hommes de Macdonald et d’Oudinot, qui gardent la ligne de la Seine; ses communications sont établies sur son flanc gauche avec les 20,000 hommes de Marmont et de Mortier, qui poursuivent vigoureusement les Prusso-Russes. Lui-même est au moment d’atteindre Blücher et de détruire l’armée de Silésie.

La troisième période commence le 3 mars et se termine le 30, date de la capitulation de Paris. Le sort journalier des armes tourne contre l’empereur. Les derniers efforts des Français n’aboutissent qu’à des victoires indécises ou stériles, comme Craonne, Reims, Arcis-sur-Aube, Saint-Dizier, et à des défaites glorieuses, comme Laon, Fère-Ghampenoise et Paris. Le 3 mars, l’armée de Silésie opère sa jonction sur l’Aisne avec les corps de Winzingerode et de Bulow ; ces renforts portent les forces de Blücher de 50,000 à 100,000 combattans. Le 7 mars, malgré l’avantage du nombre et d’une position formidable, les alliés sont délogés du plateau de Craonne; mais, dans les sanglantes journées des 9 et 10 mars, ils résistent à l’empereur sous Laon et le contraignent à battre en retraite vers Reims. De leur côté, les 100,000 hommes de Schwarzenberg, ayant repris l’offensive, ont franchi l’Aube et s’avancent dans la direction de Montereau. La tactique qui a si bien réussi à Napoléon pendant la deuxième période de la campagne, tactique consistant à attaquer tour à tour Blücher et Schwarzenberg, n’est plus praticable. L’armée de Silésie est en marche pour se réunir à l’armée de Bohème, et si Napoléon, qui n’a pas d’avance sur Blücher, se porte contre Schwarzenberg, il risque d’avoir à combattre les deux armées réunies ou d’être écrasé entre elles deux. L’empereur alors se dirige sur la Lorraine, où des renforts l’attendent; il compte attirer à sa suite l’ennemi, menacé dans ses lignes de communications. Mais cette audacieuse manœuvre ne déconcerte point les alliés. Ils masquent leur