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dîmes, elle commença de subir leur influence. Ce fut à eux, et non directement aux Phéniciens, qu’elle emprunta l’alphabet ; dès le VIIe siècle et peut-être même avant, les vases de terre et de métal, les bijoux et autres objets de luxe expédiés par Corinthe et par les colonies chalcidiennes faisaient déjà concurrence, sur tous les marchés de l’Etrurie, aux produits phéniciens. La marine étrusque s’allia bien à celle de Carthage pour combattre celle de Phocée, comme plus tard pour menacer Cumes, mais, malgré ces défiances et ces luttes, le prestige du génie grec finit par triompher ; au Ve siècle, il avait imposé à l’Etrurie l’imitation des types qu’il avait créés, l’adoption de ses mythes et le paiement d’un tribut considérable sous forme d’achats sans cesse renouvelés. M. Helbig s’est demandé comment s’était établi ce courant, et ce que la Grèce avait eu à offrir quand s’étaient nouées les premières relations entre elle et les Étrusques établis sur les deux versans de l’Apennin, de Bologne à Cæré. C’est ainsi qu’il a été entraîné vers une nouvelle étude, celle de l’art grec archaïque ; à ce propos, il a relu Homère, et de cette lecture est né tout un livre. C’est ce livre, très original et très instructif, que nous voudrions faire connaître par une rapide analyse ; mais ce que ce résumé ne saurait reproduire, ce sont les figures qui, mieux que tous les mots de la langue la plus riche et la plus précise, définissent une forme, un vêtement, une arme ou un bijou. Ceux que le sujet intéresserait devront donc recourir à l’ouvrage allemand ; il renferme des images, que l’on voudrait d’ailleurs y trouver plus nombreuses encore et d’une exécution plus soignée.


I

Il y a bien des manières de lire la Bible et de lire Homère, ces textes vénérables qui renferment tout ce que nous pouvons savoir sur le compte de sociétés dont toutes les autres œuvres ont péri sans retour. A ne parler ici que de l’Iliade et de l’Odyssée, ceux qui s’en sont occupés, jusqu’à ces derniers temps, ne les avaient guère étudiées qu’en philologues, en lettrés, ou en philosophes. Les premiers ont cherché à surprendre les secrets de cet art encore si naïf et déjà si savant ; ils ont analysé le rythme et la langue, ils ont établi les règles de ce mètre tout à la fois si ample et si souple ; ils ont dressé le vocabulaire et la syntaxe de cet idiome épique que plusieurs générations de chanteurs s’étaient employées à façonner avant le jour où il fournit la matière de deux chefs-d’œuvre. D’autres critiques ont travaillé à se rendre compte de la composition des deux poèmes ; ils en ont défendu l’unité ou bien ils les ont mis en morceaux ; dans les ensembles que nous