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prêt à étendre sur la Nouvelle-Guinée la protection de la couronne, si les colonies voulaient s’entendre entre elles pour participer jusqu’à concurrence de 15,000 livres aux dépenses de ce protectorat, qui serait exercé par M. Romilly. Cette dépêche contenait le passage suivant, qui produisit une impression profonde en Australie : « Je considère, disait le ministre, comme peu éloigné le temps où, pour des objets de cette nature, sinon pour d’autres questions de gouvernement, les colonies australiennes établiront entre elles un concert effectif et pourvoiront aux dépenses de toute ligne de conduite qu’après mûr examen elles s’accorderont à recommander au gouvernement de Sa Majesté et que celui-ci trouvera juste et utile d’adopter. »

Cette déclaration du ministre fut interprétée comme un engagement moral de donner satisfaction aux colonies ; une convention fut immédiatement convoquée à Sydney ; les délégués y votèrent, sauf ratification par les assemblées coloniales, une sorte de pacte fédératif, dont l’esquisse était jointe à la dépêche de lord Derby, et une garantie collective du subside annuel de 15,000 liv. exigé par le gouvernement. Les pétitions des colons et les dépêches de lord Derby furent communiquées au parlement ainsi qu’un mémoire d’un missionnaire, M. Lawes, et le rapport de M. Romilly, concordant tous deux à faire un tableau peu flatteur de la Nouvelle-Guinée et des îles adjacentes, dont les côtes n’étaient visitées que par les pêcheurs de perles et de pêche de mer de l’Australie occidentale, qui se rendaient coupables de toutes sortes d’excès contre les naturels. Dans la discussion qui s’engagea au sein du parlement, le 13 août 1884, au sujet de l’établissement de ce nouveau protectorat, le sous-secrétaire d’état aux colonies, M. Ashley, après avoir confessé et flétri d’abominables pratiques qui rappelaient toutes les horreurs de la traite, déclara que le protectorat aurait pour objet d’assurer la sécurité des naturels, aussi bien que celle des blancs, lorsqu’il s’en établirait, car il n’y en avait encore que sept dans toute la partie méridionale. Dans cette même discussion, sir William M’Arthur demanda si le protectorat en question « établirait la complète juridiction de l’Angleterre sur la Nouvelle-Guinée et les îles adjacentes, et la rendrait effective non-seulement à l’égard des actes illégaux des sujets anglais, mais aussi à l’égard des sujets des autres nations. » M. Gladstone répondit affirmativement, mais il ajouta que le protectorat ne s’étendrait que sur la côte méridionale de l’Ile, à l’est de la région revendiquée par la Hollande, et qu’il ne comprendrait pas les îles situées au nord et à l’est. Cette restriction est très importante à retenir, ainsi que la date à laquelle elle a été faite.

En conséquence des instructions qui lui avaient été envoyées