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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Il s’est produit à la liquidation de fin mai une reprise des plus vives sur nos fonds publics. Le 3 pour 100 a été compensé à 81.50, l’Amortissable à 83, le 4 1/2 à 109.40. Ces cours représentaient déjà un relèvement de près de trois unités sur ceux de la liquidation précédente. L’amélioration ne s’est cependant point arrêtée là. La liquidation venait de démontrer une fois de plus à quel point les capitaux abondaient à la Bourse ; dans la presque totalité des cas, le report n’avait pu donner qu’une rémunération dérisoire. Sur le 3 pour 100, et sur quelques valeurs, on avait coté du déport. La matière manquait d’ailleurs aux opérations de report, les engagemens ayant perdu singulièrement de leur importance. Dès le lendemain de la liquidation, le 3 pour 100 s’établissait au-dessus de 82 francs et le 4 1/2 au-dessus de 110 francs. A Londres, les Consolidés atteignaient le pair, après détachement du coupon semestriel ; sur les places allemandes, le Hongrois et les fonds Russes se relevaient à leurs plus hauts cours.

Les circonstances d’ailleurs se dessinaient en faveur des acheteurs. Une décision du ministère des finances, fixant à 1 pour 100 l’intérêt pour les bons du trésor de trois à onze mois, et à 2 pour 100 l’intérêt pour les bons à un an apportait une nouvelle preuve de l’aisance croissante sur le marché de l’argent. Le trésor, en effet, avait emprunté auparavant à 2 et 2 1/2 pour 100. Il trouvait donc, dans la situation générale, des facilités nouvelles pour se procurer les fonds nécessaires en vue des besoins courans.

Il est vrai que l’abondance même des capitaux disponibles a en grande partie son origine et son explication dans l’atonie des transactions commerciales et dans la persistance d’une crise économique dont rien encore ne permet d’entrevoir le terme. En ce qui concerne notre situation budgétaire, elle reste toujours aussi troublée, aussi confuse que lorsque M. Tirard, au début de l’année, déposait un projet de budget pour 1886, où l’équilibre n’était obtenu qu’à l’aide des plus discutables expédiens. Le nouveau ministre des finances a modifié dans quelques parties ce projet de budget, mais sans lui assurer une meilleure assiette, sans proposer un remède efficace à l’accumulation des déficits annuels.