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REVUE DRAMATIQUE

LE REPERTOIRE A LA COMEDIE-FRANCAISE ET A L'ODEON

On est Français ; on paie ses impôts ; on sait qu’une partie de ces impôts est destinée à soutenir la Comédie-Française et l’Odéon, à entretenir le Conservatoire, qui est une pépinière d’artistes pour ces théâtres nationaux : voilà une dépense qu’on approuve ! On est heureux, en mettant une pincée de sel dans son œuf à la coque, de penser qu’on subvient, pour sa petite part, aux frais du culte de Corneille, de Racine et de Molière : si tout l’argent public était assuré d’un aussi bon emploi, on ne réclamerait aucun dégrèvement. D’ailleurs, cette somme allouée à nos établissemens de tragédie et de comédie, ce n’est pas seulement une aide que l’état leur donne, mais le signe de son droit sur eux : pour s’y soustraire, voudraient-ils refuser ce subside, ils ne le pourraient pas. Et la raison de ce droit ? C’est le devoir qu’a l’état de veiller à la conservation de certains chefs-d’œuvre qui sont le plus glorieux lot de notre patrimoine commun.

Corneille, Racine, Molière ! Ces trois noms, depuis notre enfance, sont logés dans notre cervelle, comme ceux de trois demi-dieux particuliers à notre pays ; sur un rayon de notre bibliothèque, si chétive qu’elle soit, si encombrée de romans nouveaux, nous gardons leurs ouvrages ; nous les montrons à nos enfans, à peu près comme telle mère leur montre l’évangile, et tel père la Déclaration des droits de