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délicatesse savante des figures de M. Th. Delaunay, la vérité saisissante de celles de M. Fantin-Latour, la grâce de M. Cabanel, la sûreté d’exécution de M. Bonnat, l’élégance de M. Comerre, la sincérité de M. Mathey, l’originalité heureuse de M. Friand, l’habileté dès maintenant souveraine de M. Wencker ? Après Ingres, après Flan-rin, après Ricard, nos peintres de portraits continuent la tradition nationale, ils commandent le respect et forcent l’admiration.

Faut-il tout dire, en un mot ? Si les étrangers ont trouvé le secret de nous charmer chez nous quand ils viennent en petit nombre apporter dans nos Salons leur note personnelle et raffinée, nos peintres n’ont pas du moins perdu l’habitude de les charmer chez eux quand, choisie pour le bon combat, leur cohorte généreuse se présente à l’étranger. Allez à Anvers, c’est encore dans la section française que vous trouverez le goût et l’élégance, et la recherche de la vérité, et la diversité du talent. Faites le tour de l’Europe, voyez les musées contemporains d’Allemagne et d’Italie, parcourez ceux d’Angleterre, de Belgique et d’Espagne, puis dirigez-vous vers le Sénat et allez-vous reposer au Luxembourg : vous ne désespérerez pas de la peinture française.


GUSTAVE OLLENDORFF.