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été principalement résolues : celle de la nomination des évêques et celle de leur traitement. La nomination des évêques orientaux orthodoxes (métropolitains), en Bosnie et Herzégovine, est réservée exclusivement à l’empereur d’Autriche, roi de Hongrie. Le gouvernement austro-hongrois se borne à communiquer au patriarche œcuménique le nom de chaque candidat choisi, pour que les formalités canoniques soient remplies ; et c’est uniquement dans le cas où ce candidat serait inconnu du patriarche que le gouvernement devrait donner la preuve de ses aptitudes aux fonctions épiscopales. La consécration se fait alors, conformément aux rites, par trois évêques. Quant au traitement des évêques, il n’est plus à la charge des populations, mais à celle du gouvernement, qui le leur paie directement, et qui verso en outre au patriarche œcuménique à peu près 6,000 florins, comme équivalent de l’ancien tribut. Pour marquer que le lien avec le patriarcat de Constantinople n’est pas rompu, outre la continuation de ce tribut, les évêques doivent placer le nom du patriarche dans les prières de l’église et prendre chez lui les saintes huiles. Enfin, la convention porte que les évêques en fonctions en 1880 restent à leur poste, mais qu’ils peuvent être révoqués dans une forme analogue à celle de leur nomination, c’est-à-dire par la seule autorité de l’empereur-roi, lorsqu’ils violent leurs devoirs envers l’église ou leurs diocésains, ainsi que lorsqu’ils méconnaissent les droits de l’état. L’on va voir que le gouvernement austro-hongrois n’a pas tardé à se servir de cette faculté de révocation.

Tel est l’accord établi entre l’Autriche-Hongrie et le patriarche œcuménique au sujet de l’église orthodoxe. Le point le plus important de cet accord est, sans contredit, celui qui donne à l’empereur la nomination et la révocation des évêques ; il fait entrer complètement l’église orthodoxe dans la sphère d’action de la monarchie ; car la condition que l’aptitude canonique d’un candidat inconnu au patriarche soit démontrée par le gouvernement, et les stipulations qui se rapportent aux saintes huiles et au nom du patriarche à prononcer dans les prières, ne sont que de pures formalités. C’est pourtant là tout ce qui rattache dogmatiquement les orthodoxes des provinces acquises au patriarche et au saint-synode de Constantinople, et ce lien fragile existe aussi pour toutes les autres églises orthodoxes indépendantes de l’Orient. Que d’ailleurs le patriarche continue à recevoir un tribut, rien de plus juste, puisque le gouvernement qui le lui verse s’est mis à la place de l’église de Bosnie. Il est donc évident que les rapports entre les orthodoxes et l’état austro-hongrois sont réglés d’une manière qui laisse à ce dernier l’entière direction de leur confession et ne lui impose