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On voit que le dynamisme a ses difficultés propres, et qu’il y avait là des recherches dignes de la haute pénétration de M. Vacherot.

Mais nous n’avons pas à nous attarder sur ces questions, M. Vacherot, dans son dernier ouvrage, n’ayant rien changé sur ce point à ses doctrines précédentes. La partie vraiment intéressante de son livre est sa doctrine sur Dieu. C’est là qu’il y a quelques modifications importantes qui le rapprochent, à ce qu’il nous semble, beaucoup plus que par le passé, de ses amis spiritualistes. Nous ne dirons pas que ses vues soient très fermes et qu’il n’y ait pas quelques fluctuations entre une pensée antérieure et la pensée actuelle ; nous ne dirons pas qu’en voulant s’expliquer, il n’ait pas plus ou moins compromis l’unité de sa doctrine ; enfin nous sommes loin de croire qu’il ait trouvé le point fixe entre toutes les nuances de solution qu’un si grand problème peut suggérer. Mais nous ne croyons pas devoir tirer parti de ces contradictions, s’il y en a. De telles fluctuations se trouvent également chez tous les penseurs de notre époque, même les plus grands. Ni Schelling, ni Biran n’en ont été exempts. Elles tiennent au progrès même de la pensée, qui nous fournit aujourd’hui trop d’idées à la fois ; nous ne pouvons plus nous contenter d’idées étroites, et nous n’avons pas la force de lier des idées larges. De là ces perpétuels pour et contre que l’on peut trouver chez tous les philosophes, même les plus distingués. Ces contradictions nous paraîtraient moins graves si l’on s’habituait à considérer les propositions d’un philosophe non comme les solutions absolues d’un mathématicien ou d’un théologien, mais comme les approximations, les tâtonnemens, les à-peu-près d’une pensée investigatrice, qui vous montre sincèrement tous les aspects ou points de vue qui la frappent à la fois, laissant au progrès de la science le soin de les concilier. Ce qui nous intéresse donc ici, ce n’est pas le système ; c’est le progrès intérieur qui s’est accompli dans l’esprit d’un homme éminent, qui est à la fois pour nous une lumière et un exemple.

Voici les points sur lesquels la doctrine de M. Vacherot n’a pas varié dans son nouvel ouvrage. Ce sont : 1° le principe de l’immanence ; 2° l’idéalité de l’être parfait. Sur le premier point, il s’exprime ainsi : « Entre nous, dit-il, et les spiritualistes reste encore le problème de l’immanence et de la transcendance. L’immanence est pour moi une nécessité de la raison qui ne peut arriver à comprendre l’existence de cette cause au de la de l’espace et du temps… L’absolu n’existe pas en dehors des réalités relatives dont l’ensemble compose l’univers. » Enfin, il consacre un chapitre tout entier à ce qu’il appelle « l’immanence divine. » — En second lieu, il persiste à nier la réalité de l’être parfait. Cette idée est toujours pour lui « un idéal, un type, » dont on ne peut rien