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Tel qu’un éclat de foudre en un ciel sans éclair
Tout à coup retentit un hennissement clair ;
Ses yeux s’ouvrent. L’horreur les emplit et l’extase;

Car elle a vu, d’un vol vertigineux et sûr,
Se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase
Allonger sur la mer sa grande ombre d’azur.


II.

PERSÉE ET ANDROMÈDE.



Et Persée s’envola...
HÉSIODE.



Au milieu de l’écume arrêtant son essor,
Le Cavalier vainqueur du monstre et de Méduse,
Ruisselant d’une bave horrible où le sang fuse.
Emporte entre ses bras la vierge aux cheveux d’or.

Sur l’étalon divin, frère de Chrysaor,
Qui piaffe dans la mer et hennit et refuse,
Il a posé l’amante éperdue et confuse
Qui lui rit et l’étreint et qui sanglote encor.

Il l’embrasse. La houle enveloppe leur groupe.
Elle, d’un faible effort, ramène sur la croupe
Ses beaux pieds qu’en fuyant baise un flot vagabond

Mais Pégase irrité par le fouet de la lame,
A l’appel du Héros s’enlevant d’un seul bond,
Bat le ciel ébloui de ses ailes de flamme.