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ÉTUDES
POLITIQUES ET RELIGIEUSES

LES MÉCOMPTES DU LIBÉRALISME.

Nous avons montré récemment les déceptions des catholiques libéraux, des nobles esprits qui avaient rêvé de concilier l’église et la société moderne. Est-ce, nous demandions-nous en terminant, la seule école parée de ce beau nom de libérale qui ait éprouvé de semblables revers[1] ? Les libéraux, sans épithète ni restriction, les libéraux de principes, maîtres de leurs doctrines et de leur actes, ont-ils été beaucoup plus heureux ? N’ont-ils pas, eux aussi, eu leurs désappointemens et leurs déconvenues ? Si les uns ont assisté à la banqueroute de leurs espérances, les autres n’ont-ils pas fait plusieurs fois faillite, et malgré leur vaillante obstination à relever leur fortune, leur crédit n’en reste-t-il pas pour longtemps atteint ? Bien plus, la société moderne, dont le libéralisme était la plus haute expression, cette société, si confiante en sa force, n’a-t-elle pas elle-même eu ses déboires, ses découragemens et ses désenchantemens ? Certes, à mesurer la hauteur des espérances et l’ampleur des ambitions de la première moitié du siècle, peu d’époques ont connu autant de mécomptes et reçu des faits de pareils démentis.

Le XIXe siècle a été, au point de vue politique, le siècle des déceptions,

  1. Voyez la Revue du 1er septembre et du 15 décembre 1884.