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LE
PAYS DES TURCOMANS


I.

L’année dernière, lors de mon séjour à Kizil-Arvat, la nouvelle province russe, connue sous le nom de territoire Transcaspien, était administrée par un gouverneur militaire résidant à Askabad et dépendant du gouverneur-général du Caucase; elle se divisait en trois districts : celui de Manghichlak, habité par les Kirghiz Adaïs et par environ 400 kibiykas (tentes) de Turcomans Tekkés; celui de l’Atrek, limité à l’ouest par la mer Caspienne et au sud par la Perse, habité par des tribus turcomanes yomoudes et goklanes: et celui d’Askabad, s’étendant de Kizil-Arvat à Baba-Dourma, comprenant l’oasis de l’Akhal-Tekké, habité par environ 100,000 Tekkés, la tribu turcomane la plus sauvage.

L’oasis de l’Akhal, bordée au sud-ouest par les monts du Kopet-Dagh, est un des pays les plus riches de l’Asie centrale: c’est une bande de terre fertile d’environ 240 verstes de longueur et d’une largeur inégale, dépendant de la quantité d’eau que fournissent les ariks (canaux) et les ruisseaux qui descendent des flancs abrupts du Kopet-Dagh. Il n’existe pas de véritables rivières, les grandes vallées étant toutes longitudinales, elles déversent leurs eaux dans la mer Caspienne par l’Atrek et le Gourghen. Partout où l’eau fait défaut, l’oasis est interrompue par des sables ou des régions rocailleuses ; les villages se groupent le long des ariks parfois en grandes agglomérations ;