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faits pour le commandement, dans le vague et l’incohérence de ses instructions, surtout dans la parcimonie des ressources que sa main avarement serrée lâchait à grand’peine quand il aurait dû la tenir largement ouverte ; les agens du gouvernement en ont leur part : les chefs, dans les fausses directions, dans les impulsions contradictoires qu’ils ont données à la conduite des affaires, dans leur timidité presque toujours, dans leur témérité parfois; les subordonnés, dans leurs rivalités, dans leurs jalousies, dans leur indiscipline, dans la négligence de leur devoir, quelquefois dans leur défaillance ; mais, avant tout, c’est la chambre des députés qui est responsable, la chambre, dont les discussions passionnées, retentissant d’écho en écho jusque dans les montagnes de l’Atlas, allaient réveiller périodiquement chez les indigènes l’espoir de la délivrance et les encourager à la révolte ; la chambre, injuste pour l’armée d’Afrique, comme si elle avait gardé contre elle les rancunes de 1830, ne lui mesurant qu’en rechignant l’argent et les hommes, prêtant d’une main, retirant de l’autre, traitant l’Algérie, cette fille posthume de la restauration, en marâtre, toute prête à l’abandonner honteusement si le gouvernement l’avait souhaité, si l’opinion publique l’avait permis ; c’est la chambre des députés, hargneuse, tracassière, mesquine, cent fois plus avare que le gouvernement, qui doit surtout porter le poids de tous les griefs accumulés sur les uns ou sur les autres pendant la moitié au moins des dix premières années de la conquête.


II.

Complété par une ordonnance datée du 10 août et par un arrêté ministériel du 1er septembre, l’acte royal du 22 juillet 1834 concentrait entre les mains du gouverneur-général, sous les ordres et la direction du ministre de la guerre, tous les pouvoirs politiques, civils et militaires dans toute l’étendue des possessions françaises au nord de l’Afrique ; immédiatement au-dessous de lui siégeait un conseil d’administration composé d’un officier-général commandant les troupes, d’un intendant civil, d’un officier-général commandant la marine, d’un procureur-général, d’un intendant militaire et d’un directeur des finances. Le caractère de ce conseil était purement consultatif. L’intendant civil avait les attributions d’un préfet; le procureur-général dirigeait l’administration de la justice, dont l’organisation était modifiée.

Oran et Bône étaient pourvus, comme Alger, d’un tribunal de première instance ; Alger avait de plus un tribunal supérieur et un tribunal de commerce. Le tribunal supérieur connaissait en appel des