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REVUE LITTÉRAIRE

L’IDEALISME DANS LE ROMAN.

Monsieur de Camors, nouvelle édition. Paris, 1885; Quantin. — Julia de Trécœur, nouvelle édition. Paris, 1885; Calmann Lévy.

La librairie Quantin, sous le titre de Bibliothèque des chefs-d’œuvre du roman contemporain, a commencé cet hiver même, par Madame Bovary, et continue par Monsieur de Camors, la publication d’une série d’environ quarante ou quarante-cinq romans qui tous, ou presque tous, — car on me permettra bien d’en excepter quelques-uns, ne fût-ce que le Lorgnon, par exemple, de Mme de Girardin, ou la Guerre du Nizam, de Méry, — ont fait quelque bruit dans le monde. C’est sans doute une occasion naturelle de les relire, si même ce n’en est une espèce d’obligation. Il est bon dès à présent que le siècle finissant s’occupe à dresser son inventaire, et parmi tant de « chefs-d’œuvre du roman contemporain » qu’il essuie lui-même, consciencieusement, d’opérer un premier triage. Il le peut, si seulement il le veut. La postérité, lente autrefois à venir, commence de bonne heure aujourd’hui pour les livres ; quinze ou vingt ans, qui sont toujours, comme l’on dit, un grand espace de, temps, valent un demi-siècle dans le nôtre; et le roman qui les a traversés sans y prendre de rides, si personne assurément n’oserait lui promettre une éternelle jeunesse, a du moins quelques chances de durer dans l’histoire de notre littérature. Je