ne réussit à l’ébranler en définitive. C’est aussi l’opinion développée par M. Worms, comme c’est celle de M. Charles Gide. L’un et l’autre inclinent à l’optimisme modéré, qui conclut à l’amélioration réelle et possible dans l’avenir des classes salariées par l’accroissement de la rétribution et le développement des moyens d’existence, mais l’un et l’autre accordent à la rente une importance considérable. M. Charles Gide y voit avec excès un avantage immense fait aux propriétaires et une lourde charge pour les consommateurs qui en acquittent le prix. Il insiste en outre sur le lien de la rente foncière avec la question de la propriété. La rente, en pesant sur la masse, lui parait faire de la propriété individuelle « un système fort onéreux, » et, s’il lui laisse cette espèce de tache, qu’il faudrait pouvoir laver, va-t-il jusqu’à dire, par une indemnité aux masses, c’est dans l’impuissance à trouver des remèdes, puisqu’on ne peut empêcher cette plus-value gratuitement acquise, du moins pour en anéantir les effets par des compensations suffisantes. Il accuse, en un mot, la rente de faire sentir péniblement aux autres les avantages dont quelques-uns sont gratifiés. Convaincu au degré où il l’est de l’étendue du privilège foncier, il ira en outre jusqu’à traiter de « monstrueuse » l’affirmation « qu’il n’y a pas de terre qui vaille ce qu’elle a coûté. » Affirmation beaucoup trop générale, en effet, mais que vérifieraient des cas beaucoup plus nombreux que ne l’admet l’auteur. Dans de tels cas, l’instrument-terre, couteusement établi et maintenu, n’apparaît pas d’un meilleur rapport que tel capital employé dans l’industrie. C’est de cette façon même que M. Gide n’hésite pas à taxer d’inintelligence de la question les auteurs qui ont attesté, comme une preuve de plus de la légitimité de la propriété aux mains de ceux qui la possèdent, cette circonstance que la propriété du sol avait été payée par la série de ses possesseurs, de façon à ce que les avantages qui y sont inhérens aient été remboursés en quelque sorte. Il est pourtant assez clair que cet argument n’a pour but que de justifier ceux qu’on menace de spoliation, comme s’ils réalisaient des bénéfices exorbitans par l’exploitation du sol, alors que ces prix exceptionnels des denrées ont été escomptés dans l’achat de la terre, à l’aide de capitaux dus le plus souvent au travail. Proposition qu’au fond l’auteur lui-même admet ; car il déclare qu’au cas où la société retirerait au propriétaire actuel son droit d’exploitation, elle lui devrait une indemnité préalable comme à un notaire qui a payé chèrement sa charge, mais qui ne jouit pas moins d’un privilège dont le public fait les frais. La rente foncière ne se pose pas moins comme un problème à examiner en lui-même ; cela reste indéniable. Nous ne reprocherons pas à M. Ch. Gide de donner des armes au socialisme par la manière dont il le résout. Il est certain pourtant qu’il en accuse avec beaucoup d’exagération le principe
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