enseigne aussi la plus honnête morale. Eh bien ! il n’estime pas moins que les considérations présentées par Jean-Baptiste Say, d’accord avec d’autres auteurs accrédités sur la « consommation, » pécheraient par l’excès opposé au relâchement, au point même de compromettre l’élan donné à la production et au commerce.
Ce n’est pas sans étonnement que j’ai vu sur ce point l’auteur du Précis souscrire aux critiques autrefois adressées par M. de Saint-Chamans à la même théorie. M. de Saint-Chamans est cet écrivain, de plus d’esprit peut-être que de jugement, qui s’avisa un jour de développer cette thèse que brûler Paris serait une opération criminelle, il est vrai, mais économiquement avantageuse par l’essor qu’en recevrait le travail. M. de Saint-Chamans n’avait pas prévu les incendies de la commune, qui ont permis d’expérimenter au plus juste la valeur de ces théories. Sans aller assurément jusque-là, M. Cauwès soutient avec le même auteur que l’épargne portée au degré où on la conseille aurait pour conséquence d’empêcher les cordonniers de vendre les souliers qu’ils fabriquent, et ainsi de suite sans doute des autres débitans, qu’il ne nous sera pas difficile pourtant de rassurer. Jamais économiste n’a prétendu qu’il fallût par esprit d’épargne faire durer indéfiniment les chaussures fatiguées et les habits qui montrent la corde. Aucun n’a élevé la prétention singulière de fonder le développement des richesses sur l’excès des privations. Ce qui reste indubitable, c’est que ceux qui définissent l’économie politique « science de la richesse » n’en sont pas moins capables de se tenir dans des limites morales assez sévères. M. Paul Cauwès se montre plus disposé à infirmer qu’à approuver ce qu’ils ont dit au sujet des fêtes et de certaines dépenses de luxe, qu’il nous parait plus facile de défendre en certains cas par des considérations politiques que par des raisons économiques. Celles qu’il apporte sont loin de compenser à notre gré la force des preuves qui mettent à la charge de ces dépenses une diminution trop réelle du capital productif. Le développement des petits commerces de frivolités multipliés par les fêtes et le goût habituel des superfluités ne peut être que fâcheux au point de vue de la richesse publique. Outre qu’ils absorbent des capitaux qui pourraient recevoir un emploi plus fécond, ils détournent une quantité notable de forces vives pour lesquelles il n’est pas difficile de rêver une application plus profitable à la société. Parler d’encouragemens à donner à ces débitans d’inutilités qui n’existent qu’en trop grand nombre, c’est en quelque sorte selon nous le contraire de ce qu’il y aurait à faire. En tout cas, on ne saurait reprocher à la théorie de résoudre, selon la vérité pure de ses principes, ces questions aujourd’hui livrées à l’empire de la fantaisie et à des jugemens trop complaisans. Qu’on