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dont il a été question à bien des reprises : nous voulons parler de l’assurance mutuelle.


III.

Ce n’est pas la première fois que nous cherchons à mettre en relief les mérites de la mutualité, et nous avons, il y a bien des années, relaté les travaux d’écrivains hors ligne, de publicistes éminens, qui ont démontré par les faits les plus probans la valeur d’un système qui fait reposer sur la pluralité la base la plus solide des profits que l’individu veut recueillir. Tout a donc été dit sur la mutualité, et il ne reste plus qu’à constater les résultats de la pratique de ce mode d’assurances. En dehors de quelques applications restreintes à des cas spéciaux, comme par exemple la distribution de secours passagers, d’assistance médicale, etc., la vraie mutualité ne s’applique pas chez nous à l’assurance sur la vie. Les sociétés de secours mutuels qui se fondent dans toutes nos communes, dans tous les établissemens industriels, n’ont qu’un but limité et sont alimentées non-seulement par les intéressés eux-mêmes qui versent des parts de leurs salaires quotidiens, mais par des dons de l’état, des communes, des propriétaires d’usines, de chemins de fer, etc., par des bienfaiteurs de toute sorte qui contribuent aux versemens, mais n’en recueillent aucun profit. La mutualité n’existe donc pas, et pour les assurances sur la vie, même si elle était réduite aux seules personnes qui jouissent des fruits, rien ne serait plus difficile que de proportionner les bénéfices à recueillir aux primes à verser, puisqu’aucun calcul sérieux ne pourrait être établi sur les chances de mortalité, de longévité, rendant la situation vraiment égale entre tous les associés mutuels. Les tables de mortalité, les inégalités résultant de l’âge, de l’état sanitaire, de la situation sociale de l’assuré, veulent à chaque instant être corrigées, examinées, redressées avec un soin dont les sociétés mutuelles en France n’ont pas osé se charger, tandis que les mutualités aux États-Unis, en Angleterre et en Allemagne ont formé les plus importantes des sociétés d’assurances sur la vie. Les sociétés à primes fixes, stimulées par l’espoir des bénéfices ou les craintes de la perte, ont seules jusqu’ici rempli chez nous cette tâche avec des succès plus ou moins grands.

Il nous est impossible à cette occasion de ne pas mentionner la tentative faite depuis bien des années par l’un des hommes dont le nom est le plus honorablement connu dans le monde des assurances, M. le comte de Courcy, auteur d’ouvrages nombreux sur ce sujet, et administrateur de l’une de nos premières compagnies. C’est sur l’un des points principaux qui forment l’objet de l’assurance