Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

83 pour le deuxième ; enfin il ne reste au premier groupe, et cela pour une seule société, que 1,500,000 francs de dépenses à amortir, tandis que le second groupe en compte encore plus de 22 millions. La situation actuelle justifie donc la baisse des actions des dernières compagnies formées et la défaveur qui les frappe, mais qui depuis près de deux ans ne fait pas de progrès. Grâce aux efforts de ceux qui les administrent, aux leçons de l’expérience, il y a lieu d’espérer que les anciennes compagnies continueront leur essor prospère et que les nouvelles trouveront les moyens de vivre : nos habitudes financières reprendront donc leur cours momentanément suspendu, et, les bénéfices aidant, on recherchera à nouveau les titres des sociétés d’assurances. En 1883, les profits distribués aux actionnaires se sont élevées, impôts déduits, à 9,877,000 francs, sur lesquels les 7 compagnies du second groupe n’ont, bien entendu, rien prélevé. La Générale, la Nationale, l’Union, la France, l’Urbaine, la Providence et le Soleil ont distribué des dividendes absolument égaux à ceux de l’année précédente. Quant aux 20 compagnies que les statistiques du Moniteur laissent en dehors de leurs tableaux, elles sont demeurées presque toutes improductives, de sorte que l’on peut dire que les compagnies en situation de rémunérer leur capital social forment une minorité privilégiée.

Encore sur les 9,800,000 francs de dividendes distribués en 1883 par les principales compagnies, si l’on déduit 5,600,000 francs, produit des fonds placés qui leur appartiennent en propre, il faut bien reconnaître que le bénéfice industriel n’est pas de 5 pour 100 par rapport aux primes perçues qui, pour ces compagnies, se sont élevées à 87 millions. Comment donc s’expliquer la faveur privilégiée dont jouit l’élite des sociétés d’assurances à primes fixes? Par les circonstances qui en ont accompagné la création, surtout à cause de la modicité de leur capital actions. Elle est telle que, pour l’une de ces compagnies principalement, les actionnaires n’ont eu à payer leurs actions qu’avec un titre de rente qui est resté même en leur possession ; il faut parler aussi du bon emploi de leurs capitaux et de leurs réserves en valeurs, qui ont prodigieusement monté, ainsi qu’en achats d’immeubles dont le prix, terrains et constructions, a gagné une plus-value notoire. Or ces bénéfices représentent des profits accessoires, plutôt que des bénéfices industriels proprement dits. Comme les nouveau-venus n’auront à jouir que de ceux-ci, ils devront user d’une grande sévérité et d’une excessive prudence dans leur administration, ce qu’ils n’avaient pas commencé par faire.

Avant de formuler ce qui nous semble devoir être la conduite à tenir en matière d’assurances en général, vie et incendie, nous voudrions nous arrêter un moment à l’examen d’une des formes d’assurances