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retardataires : dans les départemens, malgré les compagnies qui commencent à s’y former, dans les campagnes surtout, nous oserions affirmer que l’assurance du mobilier est une exception. De grands progrès restent donc à faire, et nous souhaitons qu’ils se réalisent, dans l’intérêt sérieux de la fortune publique. En revanche, de nouveaux risques ont attiré l’attention; dans les grandes villes, et à Paris surtout, les locataires des maisons, quand ils sont plusieurs, peuvent être exposés à des dégâts causés par l’un d’eux et dont le propriétaire est responsable s’il se découvre un vice de construction ; le même propriétaire peut aussi être responsable des risques du voisinage si l’incendie mis par le voisin a été propagé par la faute de son concierge ou de toute autre personne à ses gages. Il fera donc bien de s’assurer contre ces risques de locataires et de voisins. A leur tour, les locataires doivent indemniser le propriétaire de tous les dégâts du feu qu’ils auraient mis chez eux-mêmes et qui pourraient atteindre de très grandes proportions. Tous ces dangers réciproques ont entraîné des contrats d’assurances : il existe même un risque très rarement assuré et qui mérite de l’être. Pendant que les réparations nécessitées par le feu s’exécutent, les locaux restent vides : il y a chômage ; s’il s’agit d’indemnité due par le propriétaire à son locataire, la non-jouissance sera comprise dans les frais à la charge du premier, mais ce propriétaire même, qui l’indemnisera de son local non occupé et non loué? Le risque du chômage est donc devenu une annexe des dégâts de l’incendie : il est bien entendu qu’il ne s’agit en rien du chômage des appartemens en général et des non-locations ; cela ne rentre pas dans les risques de l’incendie. Au total, les assurances contre l’incendie ont progressé et progressent tous les jours : les statistiques le prouvent avec évidence.

Dans le recueil de M. Alfred Thomereau, nous trouvons qu’au 1er janvier 1884, le nombre des compagnies d’assurances à primes fixes contre l’incendie s’élevait à quarante, abstraction faite des compagnies de réassurances; mais, pour diverses raisons, les tableaux synoptiques qui en résument la situation n’avaient pu être établis que sur vingt compagnies seulement. Cela n’avait guère d’importance puisque les sociétés laissées de côté représentaient bien moins de la moitié du nombre des opérations totales d’assurances, à peine un dixième de l’ensemble.

Le contrat de réassurances, dont nous venons de parler, a été pratiqué sur une certaine échelle tout récemment ; mais il n’a pas donné tout ce qu’on en avait attendu. Qu’une compagnie dont les opérations sont trop nombreuses ou comprennent des chiffres trop importans, qui désire par conséquent en amoindrir la charge, cherche à la partager avec d’autres, elle prend une mesure analogue à celle