Quand aura-t-il tout vu, ce pauvre Zopire ? Il faut qu’il entende citer encore
- En Égypte Osiris, Zoroastre en Asie,
- Chez les Crétois Minos, Numa dans l’Italie ; ..
et pourquoi ? Pour qu’il arrive, traîné par Mahomet, à cette conclusion :
- Il faut un nouveau dieu pour l’aveugle univers.
Et, en effet, le voilà installé, ce Dieu, improvisé par décret. Qui l’a nommé à ces hautes fonctions ? C’est tout bonnement son ministre ; celui-ci, pour sa peine, prend l’autel comme piédestal :
- J’abolis les faux dieux, et mon culte épuré
- De ma grandeur naissante est le premier degré.
Quel est son droit, pourtant ? Zopire l’interroge là-dessus avec la candeur d’un « shérif » habitué à demander aux gens leurs papiers. La réponse est fameuse ; elle méritait de l’être :
- Le droit qu’un esprit vante et ferme en ses desseins
- A sur l’esprit grossier des vulgaires humains.
Tel est le permis d’inventer un dieu, tel est le brevet. Oui, bon Zopire,
- Oui, l’on connaît ton peuple, il a besoin d’erreur.
Et le manifeste s’achève par des propositions fermes de politique et d’amoureux :
- … Il faut m’aider à tromper l’univers…
- De la crédulité donner à tous l’exemple,..
- Je te rendrai ton fils et je serai ton gendre.
Car, ce Mahomet, s’il est imposteur, est aussi galant ; il a confessé tout à l’heure à Omar
- quel sentiment vainqueur
- Parmi ses passions règne au fond de son cœur.
Il a beaucoup à faire, assurément :
- Chargé du soin du monde, environné d’alarmes,
- Je porte l’encensoir, et le sceptre et les armes…