ports de commerce à acheter à leurs frais leurs torpilleurs. Cette division, cet émiettement des forces, auraient certainement de graves inconvéniens, car, à la guerre, rien n’est aussi dangereux que le particularisme. Nous sommes tellement persuadé de la nécessité d’une complète unité dans l’action, que nous n’hésitons pas, contrairement à l’avis d’excellens esprits, à croire que les batteries et les forteresses des côtes elles-mêmes seront mieux placées dans les mains de la marine que dans celles de l’armée, et qu’il résultera de cette concentration en un seul corps de tous les élémens défensifs une puissance de résistance peut-être indispensable pour sauver nos côtes des dévastations qui les menacent. Est-ce à dire que le personnel et le matériel de nos ports de commerce ne puissent pas servir en temps de guerre ? Non certes. Ils offriront, au contraire, suivant nous, de grandes ressources dont il serait insensé de ne pas savoir tirer parti. De même que l’armée de terre est préparée à employer le matériel des agriculteurs, de même qu’elle tient note des chevaux de chaque région et qu’elle est toujours disposée à les réquisitionner en cas de besoin ; de même nous voudrions voir la marine militaire se mettre en mesure de profiter des ressources que lui offre la marine marchande. L’état subventionne des compagnies auxquelles il devrait imposer des conditions spéciales de construction qui seraient, d’ailleurs, peu coûteuses. Chacun de nos ports a un intérêt immense à voir se développer de plus en plus la défense de nos côtes, puisque c’est pour eux tous une question de vie ou de mort, et l’exemple de la chambre de Dunkerque prouve bien que toutes les chambres de commerce seraient disposées, pourvu que le prix n’en fût pas trop élevé, à seconder une réforme devenue si pressante. Or, avec la torpille Whitehead, les modifications à apporter aux bateaux marchands seraient bien simples. La marine de guerre emploie cet engin surtout à bord des torpilleurs ; mais des expériences faites récemment ont prouvé qu’elle pouvait être placée à bord de n’importe quelle embarcation.
Pourquoi donc ne pas donner des tubes de lancement à une partie de nos embarcations de commerce ? Ainsi armées, ces embarcations rendraient de grands services à l’entrée des ports : le jour, leur vitesse, généralement inférieure à celle des croiseurs rapides, ne leur permettrait pas de s’aventurer plus loin ; mais la nuit elles feraient la ronde et empêcheraient sans grands risques les assaillans d’approcher. Lorsque les torpilleurs surpris en mer par des ennemi mieux armés ou plus forts en nombre, seront obligés de se replier vers la côte pour y trouver un soutien, qu’adviendra-t-il ? Dans les environs des ports militaires, l’artillerie de la côte et les