Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 68.djvu/805

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la défense sont-ils en place, et les fait-on fonctionner en place ? S’est-on demandé comment les torpilles devront être reliées à la terre ? Avons-nous des tubes de lancement qu’on puisse placer dans les embarcations à vapeur de la défense ? Ces embarcations figurent-elles ailleurs que sur le papier ? Seraient-elles disponibles en cas de guerre ? Les marins vétérans sont-ils aptes à remplir le service qui leur est confié ? Font-ils des exercices constans ? Pourraient-ils, le lendemain de l’ouverture des hostilités, encadrer les réserves et former un personnel défensif solide et sûr ? A toutes ces questions on peut répondre par la négative la plus absolue. Là non plus, rien n’est fait, rien n’est prêt. Il faut donc donner une nouvelle vie à nos défenses fixes et les préparer de manière à être employées en temps de guerre, non-seulement à la protection des ports militaires, mais à celle des ports de commerce, qui sont exposés aujourd’hui à tant et à de si épouvantables catastrophes.

Nous voilà revenus à notre point de départ : à la défense des côtes. D’après tout ce que nous venons de dire, il n’est que trop clair qu’en l’état actuel des choses la marine ne saurait s’en charger, car tout lui manquerait pour cela, matériel et personnel. Elle aurait bien de la peine à suffire à la défense de nos arsenaux. Quant à nos ports de commerce, un seul croiseur rapide, une seule canonnière du genre de celle que nous avons proposée, pourrait les bombarder la nuit sans rencontrer de résistance. On a si bien compris ce danger, que le ministre de la marine a songé un instant à faire appel à ces ports eux-mêmes pour les décider à se procurer des torpilleurs défensifs. Une dépêche du 21 novembre 1882 faisait part à la chambre de commerce de Dunkerque d’un extrait de la séance du à novembre 1882 de la sous-commission de défense des ports militaires, dans laquelle le vice-amiral Garnault invitait les ministres de la guerre et de la marine à demander à chacune des chambres de commerce des grands ports marchands si elle ne serait pas disposée à faire le premier achat des torpilleurs nécessaires à la défense locale. « Le département de la marine, disait la dépêche, fournirait le personnel et le matériel de guerre de ces torpilleurs, qui seraient naturellement placés sous le commandement du gouverneur militaire de la ville, sous réserve toutefois qu’ils ne pourraient être distraits, sous aucun prétexte, de leur mission spéciale. Le prix de chacun des torpilleurs ne dépasserait pas 200,000 francs. » Après avoir cité les termes du ministre, le président de la chambre de commerce, lors de la délibération, ajoutait : « Tel est l’exposé sommaire de la question faite par le ministre de la marine, et j’invite l’assemblée à formuler une opinion sur l’opportunité qu’il peut y avoir à adopter les propositions qui