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réguliers, faits par toutes sortes de temps et de mers, exercices qui montreront au capitaine si l’on peut lancer des torpilles, même lorsque les tubes sont immergés par la lame, qui lui donneront une grande assurance personnelle et l’entière conviction que l’arme placée entre ses mains est excellente. Nous devrions avoir au moins deux cents torpilleurs, comme la Russie, et en garder un grand nombre toujours armés. Ce serait la meilleure école du capitaine et des équipages. Alors, nos défenses mobiles seraient à la hauteur de leur tâche.

L’éducation de notre personnel exige des instructeurs restant plusieurs années dans ces défenses et y maintenant la tradition. Or, nous avons dit qu’en ce moment elles étaient commandées par un capitaine de frégate qui abandonnait son poste au moment où il commençait à être digne de le remplir. Les officiers capitaines ne demeurent qu’un an sur leurs bateaux, et quand ils quittent la défense mobile, beaucoup d’entre eux ne connaissent pas les appareils de ces bateaux, parce qu’ils n’ont fait que des exercices de navigation. Ils vont souvent de là dans les stations lointaines d’où il serait impossible de les faire revenir à temps si la guerre éclatait. Sans doute, on ne saurait songer à conserver en France tous les officiers qui ont commandé des torpilleurs ; mais pour être certain d’en retrouver, au moment d’un brusque danger, il faut en former beaucoup en temps de paix. Une douzaine par an passent aux défenses mobiles. Dès aujourd’hui, ce chiffre devrait être au moins triplé. L’instruction des mécaniciens ne se fait pas non plus dans de bonnes conditions ; le personnel change tous les six mois ; professeurs, c’est-à-dire seconds maîtres, et élèves, ne restent pas un temps suffisamment long à bord des petits bateaux. S’il suffit de six mois pour les élèves, il est impossible d’admettre qu’on instruise aussi vile les seconds maîtres professeurs. Ceux-ci auraient besoin d’être très nombreux et de passer deux ans aux défenses mobiles.

Nous aurions les mêmes observations à faire sur les défenses fixes, si déjà nous n’avions pas indiqué le peu qu’elles valaient. Sait-on seulement dans quelles conditions nos ports de guerre pourraient être défendus par des torpilles mouillées ? Possède-t-on le matériel destiné à servir dans les lignes de ces torpilles ? Les chaloupes destinées au mouillage existent-elles, où sont-elles prêtes si elles existent ? A-t-on étudié le rôle des batteries de terre, de manière à permettre un concours complet de tous les organes de la défense générale ? Les secteurs de tir de ces batteries sont-ils déterminés de façon à ne pas se confondre avec les secteurs d’attaque des torpilles ? Les appareils photo-électriques de