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sur la situation générale de son service. Cette forte centralisation à Paris donne au service une unité et une activité remarquables. Un directeur et un sous-directeur sont chargés des fonderies de Ruelle et de Saint-Gervais ; tout un personnel secondaire, civil ou militaire, est employé dans ces usines. Dans chacun des ports, la direction d’artillerie est placée sous les ordres d’un colonel qui a également à sa disposition un nombreux personnel civil ou militaire ; elle est chargée : 1° de tous les travaux relatifs à l’artillerie ; 2° des ateliers affectés au service de l’artillerie ; 3° des épreuves des bouches à feu et des poudres ; 4° de l’arrangement et de la conservation des bouches à feu et des munitions servant à l’armement des bâtimens de l’état et des batteries de marine ; 5° de la garde, de la délivrance et de la comptabilité des objets ayant rapport à la direction. On le voit, cette organisation est complète, et si elle peut être critiquée sur quelques points, elle n’en assure pas moins à l’artillerie tous les avantages que donnent l’ordre, la méthode, la vue claire du but et des moyens à prendre pour l’atteindre.

Existe-t-il rien de semblable en ce qui concerne les torpilles ? On va le voir. Comme personnel, voici ce que nous trouvons : à Paris, deux lieutenans de vaisseau sous les ordres directs du directeur du matériel : ce dernier est beaucoup trop occupé des constructions gigantesques malheureusement à l’ordre du jour pour s’occuper des torpilles, et c’est d’une oreille distraite qu’il écoute les observations des deux lieutenans de vaisseau, auxquelles il n’est en rien tenu de faire attention. Dans les ports, nous trouvons : un sous-ingénieur chargé du service des torpilles, et en outre d’un service particulier dans l’arsenal ; la surveillance des bâtimens en réparation lui prend plus de temps que la surveillance d’un atelier minuscule spécial, dit atelier des torpilles, dont le personnel se fond dans celui des autres ateliers ; à côté de lui, ou plutôt avec lui, car il en fait partie, existe, ainsi que nous l’avons dit, une commission de réglage, présidée par un capitaine de frégate qui est en même temps commandant de la défense mobile ; cette commission, composée de membres essentiellement temporaires, ne saurait avoir ni traditions ni suite dans les idées. Le commandant de la défense mobile y reste deux ans ; il y arrive ne sachant rien, met très longtemps à apprendre, car souvent hélas ! il est inintelligent ou timide, il n’ose pas faire d’expériences, il a peur d’avoir des avaries, il se dit toujours prêt, et c’est lorsqu’il est enfin parvenu, grâce à la force des choses, à s’initier à son service qu’on le renvoie, qu’on lui donne le commandement d’un transport quelconque où il s’empresse d’oublier ce qu’il a appris. Le sous-ingénieur, de son côté, ne demande qu’à abandonner l’étude des torpilles qui ne peut lui