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saurait donc plus convenir à la guerre maritime ; c’est un engin qui a fait son temps et qu’on doit mettre au plus tôt de côté.

Les torpilles mouillées sont de deux sortes : les unes, immergées à 10 mètres environ, disposées comme les torpilles de fond ou dormantes, éclatent également à l’aide d’un courant électrique parti d’un poste à terre. Elles ont, bien qu’à un degré moindre, les mêmes défauts que les torpilles de fond ou dormantes et doivent être, par suite, également rejetées. Les autres torpilles mouillées, nommées torpilles vigilantes, les meilleures de toutes, les seules dont l’usage mérite d’être conservé, véritables ballons captifs sous-marins, sont des engins piriformes, faisant explosion au choc lorsqu’une carène vient à les frapper. Elles flottent à une profondeur de 4 ou 5 mètres, ce qui permet de leur donner une charge de dynamite ou de fulmicoton assez légère ; le maniement en est très facile ; elles sont maintenues par un crapaud de fonte reposant sur le fond auquel les relie une petite chaîne ; une chambre à air parfaitement étanche leur assure une flottabilité suffisante pour compenser le poids de cette chaîne et les maintenir verticales ; un mécanisme ingénieux les conserve toujours à la même profondeur, quels que soient les mouvemens de la marée dans les ports. On les mouille soit en ligne droite, soit en quinconces. Enfin des feux électriques les éclairent, ce qui est assurément une disposition malheureuse, car elle indique à l’assaillant où se trouve le danger. La lumière électrique ne devrait être employée que pour fouiller l’horizon et pour dévoiler, par exemple, aux torpilleurs de la défense ou à l’artillerie des ouvrages tel ou tel navire douteux. Mais, à cela près, les torpilles vigilantes, qui sont très légères, très maniables, très faibles de charge, qui n’ont pas besoin pour éclater de la coopération de deux observateurs, que les étrangers arrivent à conserver chargées et à mettre en place rapidement, constituent sans nul doute le véritable engin des défenses fixes. Par malheur, nous cherchons encore en France et le modèle définitif de ces torpilles et le moyen de les mouiller vite et bien.

Nous n’avons pas besoin de redire ce que sont les torpilles portées ; nous l’avons suffisamment expliqué. Il nous suffira d’ajouter que les embarcations des défenses fixes qui doivent en user ne sont ni assez nombreuses ni assez rapides. Mais c’est un point sur lequel nous reviendrons. Les défenses mobiles, destinées actuellement à empêcher un ennemi de s’approcher d’un port, d’arriver jusqu’aux passes où agit la défense fixe, sont commandées par des capitaines de frégate. Leur personnel d’officiers se compose, dans chaque port, de deux ou trois lieutenans de vaisseau commandant chacun un bateau, d’un lieutenant de vaisseau adjoint et d’un officier mécanicien. Leur personnel ordinaire est celui de la marine. Leurs moyens